Mandat d'arrêt de la CPI contre Netanyahu: Washington "rejette catégoriquement" la décision de la Cour
"Les États-Unis rejettent catégoriquement la décision de la Cour (pénale internationale) d'émettre des mandats d'arrêt contre de hauts responsables israéliens", a réagi ce jeudi 21 novembre un porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche.
"Nous restons profondément préoccupés par l'empressement du procureur à réclamer des mandats d'arrêt et par les erreurs troublantes dans le processus qui a mené à cette décision", a-t-il ajouté dans une réaction transmise à l'AFP, en répétant que selon Washington "la CPI n'était pas compétente juridiquement dans cette affaire".
La Cour pénale internationale (CPI) a émis ce jeudi des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant et le chef de la branche armée du Hamas Mohammed Deif pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.
"Une haine antisémite" selon Netanyahu
Benjamin Netanyahu a aussitôt qualifié d'"antisémite" la décision de la juridiction. "Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]" dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", a ajouté un communiqué diffusé par son bureau.
Ce mandat d'arrêt limite théoriquement les déplacements du Premier ministre israélien, puisque n'importe lequel des 124 États membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur leur territoire.
Ce mandat d'arrêt "est extrêmement important. Cela signifie que la voix des victimes est entendue", a déclaré Yael Vias Gvirsman, qui représente les familles de 300 victimes israéliennes de l'attaque du Hamas du 7 octobre.
La population civile de Gaza "privée de choses indispensables à sa survie"
La CPI a déclaré avoir trouvé des "motifs raisonnables" de croire que Benjamin Netanyahu et Gallant étaient "pénalement responsables" du crime de guerre de famine comme méthode de guerre, ainsi que des crimes contre l'humanité de meurtre, de persécution et d'autres actes inhumains.
Les deux hommes, selon la CPI, "sont pénalement responsables en tant que supérieurs civils du crime de guerre consistant à diriger intentionnellement une attaque contre la population civile".
Ils "ont intentionnellement et sciemment privé la population civile de Gaza de choses indispensables à sa survie", notamment de nourriture, d'eau, de médicaments, de carburant et d'électricité, a ajouté la cour.
Cette situation a "créé des conditions de vie calculées pour entraîner la destruction d'une partie de la population civile de Gaza", selon la CPI, ajoutant qu'elle a entraîné la mort de civils, y compris d'enfants.
"Sur la base des éléments présentés par l'accusation couvrant la période allant jusqu'au 20 mai 2024, la chambre n'a pas pu déterminer que tous les éléments du crime contre l'humanité d'extermination étaient réunis", a ajouté la CPI. Elle a toutefois déclaré qu'il existait des motifs raisonnables de croire que le crime contre l'humanité de meurtre avait été commis à l'encontre de ces victimes.
Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a déclaré que ces mandats d'arrêt devaient être "respectés et appliqués". "Ce n'est pas une décision politique. C'est une décision d'une cour, d'une cour de justice, d'une cour de justice internationale. Et la décision de la cour doit être respectée et appliquée", a dit Josep Borrell lors d'une conférence de presse à Amman avec con homologue jordanien, Aymane Safadi.
Concernant le chef de la branche armée du Hamas, Mohammed Deif, Israël a déclaré l'avoir tué dans une frappe le 13 juillet dans le sud de Gaza, bien que le Hamas nie sa mort. Un mandat d'arrêt a été émis à son encontre car le procureur de la CPI n'a pas été en mesure de déterminer si Deif est mort, a précisé la juridiction.