Manche : huit migrants meurent lors du naufrage d’une embarcation clandestine pendant la traversée
MANCHE - Encore une sombre nuit dans la Manche. Huit migrants sont morts dans le naufrage de leur embarcation clandestine au niveau d’Ambleteuse (Pas-de-Calais) dans la nuit de samedi à ce dimanche 15 septembre, portant à plus de 45 le nombre de candidats à l’exil vers la Grande-Bretagne décédés dans la Manche en 2024.
L’embarcation surchargée a chaviré alors qu’elle était encore à proximité immédiate du rivage, a indiqué une source au sein des secours à l’AFP. Huit passagers sont morts, ont précisé cette source et une source policière.
Le préfet du Pas-de-Calais, Jacques Billant, s’est rendu sur place. Lors d’une déclaration devant la presse sur la digue d’Ambleteuse dimanche matin, il a expliqué que le bateau de fortune avait été signalé, peu avant minuit. « Le bilan est terrible, puisqu’on déplore le décès de huit personnes », a-t-il dit. Selon la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord, les autorités ont été informées « par l’un des passagers de l’embarcation de la présence de personnes en situation d’urgence, inanimés, sur la plage ».
Huit morts, un nourrisson de 10 mois en hypothermie
Lors de son point presse, Jacques Billant a déclaré que « L’embarcation a pris la mer, à proximité de la commune de Wimereux avec 59 personnes à son bord. Elle s’est rapidement trouvée en difficulté et est venue s’échouer au niveau de l’Estran. Le bateau s’est manifestement déchiré sur les rochers ».
Si 53 personnes ont été prises en charge, huit sont décédés. « Il s’agit d’hommes apparemment majeurs et selon les informations dont je dispose, les naufragés seraient originaires d’Érythrée, du Soudan, de Syrie, d’Afghanistan, d’Égypte et d’Iran », a indiqué le préfet du Pas-de-Calais.
Six autres personnes, « dont un nourrisson de 10 mois en hypothermie », sont en urgence relative, elles ont été envoyées vers les hôpitaux de Boulogne-sur-Mer et de Calais.
45 décès dans la Manche depuis janvier
Ce drame est survenu moins de deux semaines après le pire naufrage de l’année dans cette région, qui avait fait douze morts le 3 septembre. Il porte à 45 le nombre de décès dans de telles traversées clandestines depuis janvier, confirmant que 2024 est de loin l’année le plus meurtrière depuis le début du phénomène des bateaux de fortune pour traverser la Manche en 2018.
À la faveur d’une fenêtre météo favorable, de nombreuses tentatives de traversée ont eu lieu ces derniers jours. En 24 heures entre vendredi et samedi, « 200 naufragés ont été secourus », avait signalé samedi soir la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord (Prémar).
Sur l’ensemble de la journée, « 18 tentatives de départs d’embarcations ont été suivies » par le Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage du cap Gris-Nez, a ajouté la Prémar.
« C’est tout le temps, hiver, jour, nuit, été »
À Ambleteuse, après le naufrage de la nuit, un second départ a eu lieu vers 7H30 dimanche, a rapporté à l’AFP Christine Leclair, bénévole dans une association locale. Les départs, « c’est tout le temps, hiver, jour, nuit, été, (...) dès que la mer est calme » , a-t-elle souligné.
Les drames se sont succédé depuis le début de l’été. Mi-juillet, six migrants sont morts en une semaine dans trois naufrages distincts : quatre le 12 juillet, une femme érythréenne le 17 puis un homme le 19.
Ces tentatives de traversée s’effectuent dans des conditions particulièrement périlleuses, sur des bateaux de fortune. Lors du naufrage du 3 septembre, « moins de huit personnes avaient un gilet de sauvetage fourni par les passeurs », avait déploré Gérald Darmanin, ministre démissionnaire de l’Intérieur, qui s’était rendu à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais).
Il avait alors appelé à la signature d’un « traité migratoire entre la Grande-Bretagne et l’Union européenne » pour tenter de mettre un terme aux départs clandestins.
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