Mali: Arrestations de figures de l'opposition au lendemain de violences

MALI : ARRESTATIONS DE FIGURES DE L'OPPOSITION AU LENDEMAIN DE VIOLENCES

BAMAKO (Reuters) - L'opposition malienne a déclaré samedi que deux chefs de file des manifestations anti-gouvernementales ont été arrêtés par les forces de sécurité qui sont intervenues dans son quartier général, au lendemain de violentes manifestations dans la capitale Bamako contre le président Ibrahim Boubacar Keïta.

En différents points de la ville, des barricades ont été érigées et des pneus incendiés par de petits groupes de manifestants - nettement moins nombreux que les milliers de contestataires réunis vendredi.

L'intervention des forces de sécurité a visé le siège de la CMAS, un mouvement d'opposition dirigé par l'influent imam Mahmoud Dicko, membre de la coalition M5-RFP. Deux figures du mouvement, Choguel Kokala Maiga et Mountaga Tall, et d'autres activistes ont été arrêtés, a dit le porte-parole de la coalition.

Les forces de sécurité "sont venues et ont attaqué et saccagé notre quartier général", a déclaré Nouhoum Togo, qui avait annoncé plus tôt dans la journée l'arrestation, survenue la veille, de l'opposant Issa Kaou N'djim.

Aucun commentaire n'a été effectué par le ministère de la Sécurité.

Vendredi, des manifestants avaient brièvement occupé les locaux de la télévision publique et du Parlement.

Le Mali traverse une période de tensions depuis les élections législatives de mars dernier qui aggrave une situation déjà délicate compte-tenu de la présence de djihadistes.

Les arrestations annoncées samedi marquent une nouvelle dégradation des relations entre l'opposition et les autorités, qui n'avaient pas mené de répression après les vastes manifestations pacifiques du mois dernier contre le président.

En fin de soirée samedi, Ibrahim Boubacar Keïta a annoncé des concessions supplémentaires, avec le retrait des nominations proposées à la Cour constitutionnelle.

Le président a déclaré lors d'une allocution à la télévision publique qu'il restait ouvert au dialogue, mais que, concernant les manifestations, "toutes les limites tolérables ont été atteintes et dépassées".

Keïta, réélu pour cinq ans en 2018, s'est dit mercredi "ouvert" à la formation d'un gouvernement d'union nationale et à la dissolution de l'Assemblée à condition qu'elle ne provoque pas une nouvelle crise, mais ses opposants ont rejeté ces concessions et continué de réclamer sa démission.

(Tiemoko Diallo; version française Elizabeth Pineau et Jean Terzian)