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Malgré la fin des camps de travail en Chine, les abus continuent

PEKIN (Reuters) - Les autorités chinoises ont réagi avec force mardi aux accusations de l'organisation Amnesty International, qui dénonce l'usage croissant de "prisons secrètes" en remplacement des camps de travail officiellement bannis par Pékin. "Cette organisation a toujours nourri des préjugés idéologiques à l'encontre de la Chine et continue d'émettre des critiques excessives et de lancer des rumeurs pour salir l'image de la Chine", a déclaré Hua Chunying, porte-parole du ministère des Affaires étrangères. Le gouvernement chinois a annoncé le mois dernier la suppression des camps de rééducation par le travail et affirmé que le système ne serait pas remplacé par des camps de travail "déguisés". D'après l'agence officielle de presse Chine nouvelle, 350 camps de travail répartis sur le territoire chinois, avec jusqu'à 160.000 détenus, sont concernés. Mais Amnesty International assure que la Chine envoie de plus en plus dans des "prisons secrètes" extrajudiciaires ou des centres de désintoxication aux drogues des détenus qui auraient auparavant été enfermés dans des camps de travail. "Il est clair que la politique sous-jacente consistant à punir des gens pour leurs activités politiques ou leurs croyances religieuses n'a pas changé", a déclaré Corinna-Barbara Francis, spécialiste de la Chine chez Amnesty. "Les abus et la torture continuent, mais d'une manière différente." Amnesty se fonde sur une soixantaine d'entretiens menés ces cinq dernières années avec des proches, des avocats et d'anciens détenus. "De nombreuses politiques et pratiques qui avaient pour résultat de punir des individus ayant exercé pacifiquement leurs droits en les envoyant en rééducation dans des camps de travail n'ont fondamentalement pas changé, bien au contraire", ajoute Amnesty. L'organisation indique que de nombreux camps de travail ont été officiellement transformés en centres de désintoxication où le régime de détention est largement inchangé, d'après les récits d'anciens détenus. Amnesty souligne qu'une personne peut passer jusqu'à deux ans en centre de désintoxication sans aucune forme de procès. Quant aux "prisons secrètes", centres de privation de libertés sans existence légale, elles sont également de plus en plus utilisées, toujours selon Amnesty. D'anciens détenus ont évoqué des pratiques de privation de sommeil, d'eau et de nourriture, de bastonnades. Des cas de simulation de noyade ont également été portés à la connaissance des chercheurs d'Amnesty. Megha Rajagopalan, avec Ben Blanchard, Henri-Pierre André pour le service français, édité par Gilles Trequesser