Malgré le récent échange de prisonniers, il reste près de 1 300 détenus politiques en Russie

Jeudi 1er août, le temps d’une courte escale, le tarmac de l’aéroport international Esenboğa, à Ankara, a été le théâtre du plus important échange de prisonniers depuis la guerre froide. Après plus d’un an de négociations entre les chancelleries occidentales et la Russie, ce sont vingt-quatre personnes qui ont été libérées.

Au total, Moscou récupère huit de ses ressortissants tandis que seize personnes ont été sorties des prisons russes et biélorusses, dont le journaliste américain Evan Gershkovich. Dans le détail, neuf opposants à Vladimir Poutine de nationalité russe ont pu quitter leur pays, selon un décompte du Wall Street Journal.

“La Russie échange [neuf] de ses citoyens contre des hackeurs, des espions et un assassin [Vadim Krassikov, condamné pour meurtre en Allemagne]”, persifle le site russe en exil Meduza.

Ces seize personnes libérées ne représentent qu’une part infime des prisonniers d’opinions encore détenus dans le pays, rappelle le média installé en Lettonie. Dans une infographie parlante, il évalue leur nombre à 1 289, citant le décompte de l’ONG OVD-Info.

Monnaie d’échange

La même ONG rappelle par ailleurs qu’au moins dix de ces prisonniers politiques sont récemment décédées durant de leur incarcération. Dont le principal opposant à Vladimir Poutine, Alexeï Navalny, mort dans des circonstances troubles en février alors qu’il était détenu dans une colonie pénitentiaire de l’Arctique.

“Cet échange pourrait être un mauvais présage. Le Kremlin pourrait s’enhardir, puisqu’il a trouvé un moyen d’exfiltrer les siens d’Occident, quels que soient les crimes commis”, s’inquiète un journaliste russe également militant à OVD-Info, dans une tribune publiée par The Moscow Times.

“Dans un tel monde, le Kremlin pourrait contrer toute réussite ukrainienne sur le front en prenant un otage, pour un ainsi saper cette progression ou même forcer des concessions.”

“Les prisonniers politiques russes qui ont bénéficié de l’échange du 1er août ont officiellement été graciés pour leurs ‘crimes’. Les décrets relatifs à ces amnisties ont été signés par Vladimir Poutine au début de la semaine”, précise Meduza. Ils peuvent donc, théoriquement et à leurs risques et périls, retourner en Russie.

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