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Malgré son isolement et des violences, Éric Zemmour réussit sa mue de polémiste à candidat

Eric Zemmour, candidat à l'élection présidentielle lors de son premier meeting le 5 décembre 2021 à Villepinte, près de Paris.  - JULIEN DE ROSA © 2019 AFP
Eric Zemmour, candidat à l'élection présidentielle lors de son premier meeting le 5 décembre 2021 à Villepinte, près de Paris. - JULIEN DE ROSA © 2019 AFP

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Ce dimanche, Éric Zemmour a conduit son premier meeting de campagne à Villepinte (Seine-Saint-Denis), tentant de troquer le costume de polémiste pour celui de candidat. Et sur l'exercice technique, l'écrivain a réussi son pari.

Tout d'abord, le meeting du candidat d'extrême droite a rassemblé environ 10.000 personnes dans une salle pouvant en accueillir 12.500. Il est donc parvenu à remplir une grande partie de cette salle aux capacités immenses pour un meeting politique.

Pour la première fois, Éric Zemmour a annoncé la création de son parti baptisé "Reconquête" et esquissé un début de programme. Son discours était plus construit, il a présenté des ambitions "contre le grand déclassement et contre le grand remplacement".

"Il s'est adressé à la salle avec énormément d'aisance"

"La tonalité du discours, la capacité à parler à 12.500 personnes, le prompteur, il n'y a pas de sujet: ça s'est globalement bien passé", souligne à notre micro Jonathan Bouchet-Petersen, rédacteur en chef adjoint de Libération. "Il s'est adressé à la salle, il l'a fait avec énormément d'aisance, ce n'est pas un exercice évident", abonde Judith Waintraub, grand reporter au Figaro Magazine.

Le journaliste Jonathan Bouchet-Petersen nuance tout de même: "ça reprenait les grands canons des grands meetings de droite et, dans ce registre là, je pense que Nicolas Sarkozy ou François Fillon sont d'un meilleur niveau."

Reste que pour un premier meeting, l'exercice s'est avéré maîtrisé.

Un isolement politique toujours criant

Le soutien populaire de plus de 10.000 personnes, entonnant des chants et brandissant des drapeaux, n'a toutefois pas camouflé l'isolement politique d'Éric Zemmour. Au premier rang, seuls quelques visages sont connus: Christine Boutin, soutien de la Manif pour tous, l'ancien député Jean-Frédéric Poisson ou Jacline Mouraud, ex-figure des gilets jaunes.

Le candidat d'extrême-droite n'a pas encore reçu le soutien d'une seule personnalité politique de poids et sa capacité à rassembler des parrainages comme des financements reste incertaine. De plus, l'arrivée d'Éric Zemmour sur la scène politique officielle a été perturbée par une série de violences. Lors de son arrivée dans la salle, un homme a sauté au cou du candidat et lui a foulé le poignet, d'après l'équipe du polémiste.

Une série de violences

Peu avant le début du discours, les militants de SOS racisme, qui s'étaient levés en portant des t-shirts dévoilant, lettre par lettre, le message "Non au racisme" ont été violemment agressés par des soutiens de l'ancien journaliste. Les images montrent notamment des militants pro-Zemmour infligeant des coups de poing et jetant des chaises aux membres de SOS racisme, dont certains sont à terre.

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De plus, les journalistes de Quotidien, insultés et menacés par la foule, ont dû être exfiltrés de la salle avant même le début du discours de l'écrivain.

Exaltation de la foule, discours radicaux, dénonciation des médias, violences... Éric Zemmour s'est glissé ce dimanche avec succès dans le costume d'un candidat populiste à la présidentielle. Et sa mue évoque de façon troublante celle opérée par Donald Trump en 2016.

Article original publié sur BFMTV.com