Malgré la crise énergétique, 2022 est une année historique pour les énergies renouvelables en Europe

Une éolienne et une sous-station électrique photographiées sur le premier parc éolien offshore français au large de La Turballe, dans l’ouest de la France, le 30 septembre 2022.

D’après un rapport du Think Tank Ember, la part de l’énergie consacrée à l’éolien et au solaire a dépassé celle du gaz en 2022 dans l’Union européenne.

ÉNERGIE - Tout n’est pas que mauvaise nouvelle en ce qui concerne l’énergie en 2022. L’année dernière, 22% de l’énergie produite dans l’Union européenne (UE) provenait de l’éolien et du solaire, et c’est historique. Pour la première fois, elle a dépassé celle générée par le gaz (20%), d’après un rapport publié par le think tank britannique Ember ce mardi 21 janvier.

Durant cette année chaotique, « L’Europe a évité le pire de la crise énergétique », a déclaré à cette occasion Dave Jones, chef du département d’analyse des données du think tank. Malgré la guerre en Ukraine et l’importante baisse d’approvisionnement en gaz russe, l’UE a pu faire face aux risques de crise énergétique.

Le retour du charbon n’a pas eu lieu

L’un des risques avec la guerre en Ukraine était en effet de voir un retour en force du charbon, pour compenser les pertes d’approvisionnement en gaz russe. Un choix qui aurait mis en péril l’objectif de neutralité carbone de l’Union européenne. Celle-ci doit en finir avec les émissions nettes de gaz à effet de serre d’ici 2050, avec une première réduction de 55% d’ici 2030. L’un des leviers pour y parvenir est bien sûr d’abandonner progressivement les énergies fossiles afin de faire face au changement climatique.

Mais la coupure du robinet gazier russe n’a pas finalement entraîné d’explosion du recours au minerai noir. Au final, plus de peur que de mal, puisque le rapport montre qu’en 2022, la part du charbon n’a finalement connu une hausse que d’1,5 point par rapport à 2021.

« Ce rapport montre que l’Europe peut se permettre de souffler : le retour tant proclamé du charbon s’est avérée être un non-événement », souligne Pieter de Pous, chef du programme de transition des énergies fossiles du think tank E3G. Mais il tempère : « Un hiver exceptionnellement chaud a cependant également joué son rôle et les ministres de l’énergie devront désormais profiter du printemps et de l’été à venir pour améliorer encore leur sécurité énergétique et soutenir le rôle continu à grande échelle des énergies renouvelables et des mesures d’économie ».

Une demande en baisse

L’Europe a en effet connu des températures douces durant les derniers mois de l’année 2022 et 2023 a même commencé en battant des records de chaleur. C’est notamment pour cette raison que la demande en énergie a connu une baisse fin 2022, explique le rapport d’Ember. Entre octobre et décembre, la demande en énergie a baissé de 7,9% par rapport à 2021. Aux températures particulièrement élevées s’ajoutent la hausse des prix de l’énergie qui en a refroidit plus d’un et notamment les boulangers en France.

« Ce rapport prouve que la réduction de la demande, associée à une production éolienne et solaire nettement plus importante, peut remplacer les combustibles fossiles dans le secteur de l’électricité », insiste Elif Gündüzyeli, experte en politique énergétique de l’ONG Climate Action Network Europe. « Une crise du gaz ne devrait pas être nécessaire pour comprendre cela et agir en conséquence. Les co-législateurs européens, qui négocient actuellement les directives sur l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables, doivent surfer sur cette vague et convenir d’objectifs plus élevés en matière d’économies d’énergie et d’énergies renouvelables durables ».

Si le charbon n’a fait qu’un petit bon en 2022, il faut espérer que celui-ci ne continue pas sur sa lancée. En plus de la guerre en Ukraine, la France avait décidé, par exemple, de rouvrir certaines centrales à charbon pour faire face à la sécheresse de l’été, qui n’a pas aidé les centrales hydrauliques à fonctionner correctement. Mais aussi pour combler les difficultés liées à un parc nucléaire en partie à l’arrêt.

Tandis que les réacteurs redémarrent au fur et à mesure, l’année 2023 devrait également voir une accélération de la transition vers le solaire et l’éolien, d’après les prévisions. « Ce n’est pas seulement nécessaire mais inévitable. L’UE doit maintenant intensifier ses efforts pour garantir les bonnes politiques, les investissements et les infrastructures à mettre en place pour le permettre », conclut le rapport.

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