Comment une maladie chez les chauves-souris aggrave indirectement la mortalité infantile

C’est un véritable enchaînement de causes à effet que décrit un chercheur américain dans le dernier numéro de Science. Ou comment un champignon affectant les chauves-souris provoque une augmentation de l’usage de pesticides générant un surcroît de la mortalité infantile.

Depuis 2006, c’est une véritable hécatombe. Treize espèces de chauves-souris insectivores vivant aux Etats-Unis et au Canada sont décimées par le "syndrome du nez blanc", une maladie provoquée par le champignon microscopique Pseudogymnoascus destructans, une espèce invasive provenant d’Europe. La maladie a été constatée pour la première fois à Albany dans l’Etat de New York. Elle se répand depuis par tache dans tous les Etats-Unis où l’administration du Fish and Wildlife Service décrit l’avancée de la maladie en prenant en compte la juridiction territoriale de base du pays, le comté.

"Après la détection initiale du syndrome du nez blanc, chaque année de nouveaux comtés sont classés comme atteints, raconte Eyal Frank, assistant professeur à l’Université de Chicago dans son article paru dans Science le 5 septembre. Le développement de la contagion semble suivre les chemins migratoires des chauves-souris mais aussi les chemins de randonnées le long des montagnes Appalaches. L’expansion de la maladie est produite par des fonctionnements complexes des conditions environnementales, des patrimoines génétiques et du comportement à la fois des chauves-souris et des Hommes ce qui rend difficile de prévoir son expansion".

Les effets sur les populations de chiroptères sont apocalyptiques pour ces espèces. Le champignon s’étend en taches blanches sur la tête et les oreilles des animaux et leur fait perdre leur faculté d’écholocation. Désorientées et amaigries, les chauves-souris sortent de leur hibernation en plein hiver et meurent faute de nourriture. Depuis 2010, le taux de mortalité des espèces insectivores s’élève en moyenne à 73% des populations locales. On constate même des extinctions locales en 5 à 6 ans seulement. Pseudogymnoascus destructans a la caractéristique de ne pas survivre au-dessus de 20°C et d’être sensible aux ultraviolets, aussi il se répand dans les caves et grottes qui servent d’habitat aux chauves-souris. L’éradication semble impossible.

Que se passe-t-i[...]

Lire la suite sur sciencesetavenir.fr