"J'ai dû m'acheter moi-même le fauteuil": moment d'émotion au Sénat face à un élu atteint de la maladie de Charcot

Affaibli et sous respirateur, le sénateur Gilbert Bouchet, atteint de la maladie de Charcot, a défendu ce mardi 15 octobre en personne une réforme de la prise en charge des patients touchés, adoptée dans l'émotion et à l'unanimité par la chambre haute.

"Il faut absolument qu'on ait plus de moyens, plus de communication, car c'est une maladie qui peut tomber sur tout le monde", a-t-il lancé.

En fauteuil roulant, cravate nouée autour du cou et appareil respiratoire installé autour du visage, Gilbert Bouchet a tenu à être dans l'hémicycle pour appeler de sa voix faible et éraillée à une meilleure prise en charge de ceux qui comme lui, sont atteints de cette maladie dégénérative irréversible qui touche 6.000 à 7.000 personnes en France.

"Des freins dans la prise en charge des malades"

Le témoignage fort de ce sénateur a entraîné un élan d'émotion dans les travées de la Haute assemblée, où tous les groupes politiques ont parlé d'une même voix ou presque pour saluer le "courage" de leur collègue et défendre le texte déposé par ce dernier au mois d'avril.

"J'ai dû m'acheter moi-même le fauteuil électrique qui convenait à mon handicap", a raconté le sénateur de la Drôme, cité à la tribune par son collègue Philippe Mouiller (LR). "Nous avons détecté des freins dans la prise en charge sociale des malades, notamment le décalage des procédures avec la temporalité de la maladie et le traitement inégal des personnes en fonction de leur âge", a développé le parlementaire.

La maladie de Charcot, également nommée sclérose latérale amyotrophique (SLA), condamne les patients touchés à une paralysie progressive qui gagne l'ensemble du corps et aboutit au décès en trois à cinq ans en moyenne.

Accélérer le traitement des cas

Le texte adopté par le Sénat, désormais transmis à l'Assemblée nationale, entend pallier aux longs délais de traitement des demandes d'obtention de la prestation de compensation du handicap (PCH), attribuée pour faire face aux besoins humains et techniques des malades. Ce délai moyen, de 5,9 mois, est jugé incompatible avec ces maladies dont les symptômes s'aggravent parfois très rapidement.

Il prévoit ainsi une "procédure dérogatoire" de traitement des demandes de PCH, priorisant et accélérant le traitement des cas de "pathologies d'évolution rapide et causant des handicaps sévères et irréversibles", comme la maladie de Charcot. La liste des maladies concernées serait définie par décret.

Le gouvernement touché

Autre écueil identifié par les auteurs du texte, une "barrière d'âge" qui limite le bénéfice de la PCH aux patients la demandant avant 60 ans, octroyant aux malades plus âgés une autre aide, l'allocation personnalisée d'autonomie (APA), moins avantageuse.

Le texte introduit ainsi une exception à cette barrière d'âge pour les patients atteints d'une maladie évolutive grave telle que la maladie de Charcot, leur permettant de bénéficier de la PCH après 60 ans.

La proposition de loi a reçu un net intérêt du gouvernement, le ministre des Solidarités Paul Christophe se disant "touché personnellement" et appelant à "agir vite pour mettre fin à une situation loin d'être satisfaisante".

Même s'il a émis quelques doutes sur la "méthode", craignant de "créer des inégalités entre les personnes en situation de handicap", le ministre a accepté de "lever le gage" financier de ce texte, s'engageant ainsi à reprendre à son compte les charges créées par cette réforme si elle aboutissait au Parlement.

Article original publié sur BFMTV.com