Avec sa maison commune, la majorité offre une rampe de lancement à la candidature de Macron en 2022
Occuper le terrain en attendant la déclaration de candidature d'Emmanuel Macron. Après des semaines de discussions, les différentes composantes de la macronie sont parvenues à se mettre d'accord pour accoucher d'une "maison commune" qui prendra vie ce lundi soir lors d'un meeting à la Maison de la Mutualité à Paris.
Baptisé Ensemble citoyens, ce mouvement qui réunit sous la même bannière LaREM, le MoDem, Agir et Horizons, le tout jeune parti d'Édouard Philippe, a d'abord pour objectif de préparer la réélection du chef de l'État. S'il n'est officiellement pas en campagne, le président réfléchit tous azimuts aux prochains mois.
Veiller à se montrer
Ce lancement à Paris a le mérite d'occuper le terrain médiatique, dans une semaine-clef pour la présidentielle. Après des semaines de campagne, la droite aura un candidat ce samedi tandis qu'Éric Zemmour va officialiser sa candidature et lancer son propre mouvement politique dimanche prochain au Zénith de Paris.
"Ensemble citoyens a le mérite de donner des gages à son entourage, qui le presse de se lancer rapidement. Emmanuel Macron préfère attendre, tout en envoyant ce type de clin d'oeil. C'est une façon de dire 'j'y vais, je le sais, vous le savez mais sachez encore un peu patienter'", décrypte Alexandre Vatimballa, directeur du Centre de recherche et d'étude du centrisme, auprès de BFMTV.com. 876450610001_6284329138001
"Le président préside, le gouvernement gouverne et nous, on s'organise pour que tout soit prêt quand il sera candidat", résume le député Roland Lescure, porte-parole de LaREM, dans les colonnes de L'Opinion.
Tous ensemble
Face à une gauche morcelée et la droite et l'extrême droite qui devraient avoir plusieurs candidats en 2022, Ensemble citoyens permet également d'affichir un visage uni.
"Nous sommes les seuls à nous rassembler et à le montrer. Notre majorité se parle, se rassemble, discute", explique ainsi Isabelle Florennes, députée MoDem, auprès de BFMTV.com.
"On additionne ensemble ce soir le meilleur de la gauche et de la droite en matérialisant une union qui existe depuis 2017", se réjouit encore le sénateur Xavier Iacovelli, qui a représenté lors des discussions Territoires de progrès, l'aile gauche de la majorité.
Si dans les rangs de la majorité, le discours officiel se veut satisfait, certains parmi les centristes font grise mine. Et pour cause. "Ensemble citoyens, c'est le bébé de François Bayrou. Cela fait des années qu'il y pense", rapporte un sénateur centriste.
À la rentrée dernière, le patron du MoDem appelait d'ailleurs de ses voeux la création d'une grande force politique pour porter les ambitions d'Emmanuel Macron mais n'a pas entièrement eu gain de cause.
Des législatives qui divisent
"On ne voyait pas les choses comme ça. On a un peu revu nos ambitions à la baisse. Mais l'important, c'est que ça se fasse", estime un sénateur centriste, proche du Béarnais.
François Bayrou espérait plutôt un rapprochement important entre LaREM et le MoDem avec, à la clef, la création d'un nouveau parti.
"À l'instant T, ce qu'on a, c'est une association à laquelle il sera impossible d'adhérer si on n'est pas un membre d'un des partis de la majorité. Autant dire qu'il n'y aura aucun militant", estime même Mathieu Croissandeau, éditorialiste pour BFMTV.
Le centriste voyait dans la création d'un grand mouvement l'occasion de pousser son avantage et de faire investir le plus de candidats possibles issus de son propre parti lors des prochaines légisatives.
2027 en vue
Mais Édouard Philippe a mis son veto. Alors que l'ancien Premier ministre vise un groupe parlementaire en 2022 à l'Assemblée nationale, il a décidé de ne pas faire ce cadeau au centriste, avec qui les relations sont notoirement très compliquées.
C'est que l'après-2022 se joue maintenant pour certains. Limité par la Constitution à deux mandats, Emmanuel Macron, en cas de réélection, ne se représentera pas en 2027.
"Bayrou voit Ensemble citoyens comme une éventuelle rampe de lancement vers une future campagne présidentielle dans six ans. C'est aussi pour ça qu'il y est aussi attaché, là où l'ancien Premier ministre croit beaucoup à son nouveau parti" et ne ressent pas le besoin de s'appuyer sur cette nouvelle structure, analyse le chercheur.
La maison commune ressemble plus pour l'instant à une copropriété.