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Les magistrats mobilisés contre Eric Dupond-Moretti

Rassemblement des magistrats devant le Tribunal de Grande Instance de Paris, le 24 septembre 2020 - GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP
Rassemblement des magistrats devant le Tribunal de Grande Instance de Paris, le 24 septembre 2020 - GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

"La confiance avec Eric Dupond-Moretti est rompue", a estimé jeudi la présidente du Syndicat de la Magistrature (SM, classé à gauche) Katia Dubreuil en marge d'un rassemblement de plusieurs dizaines de magistrats sur l'esplanade du tribunal de Paris pour dénoncer la politique du garde des Sceaux.

Dans un rare appel à se rassembler devant les tribunaux, les deux principaux syndicats de magistrats, l'Union syndicale de la magistrature (USM, majoritaire) et le SM, ont sonné la charge contre le ministre de la Justice. Dans le viseur, ses récentes décisions visant le parquet national financier (PNF) puis l'école nationale de la magistrature (ENM), jugées "dangereuses dans un État de droit".

"C'est assez inédit de vivre un tel mépris"

"Il est inédit que l'ensemble des organisations professionnelles de magistrats appellent à une mobilisation collective, tout comme il est inédit qu'un ministre de la justice malmène si fort et si vite l'institution judiciaire", ont affirmé dans un texte commun l'USM et le SM.

Des rassemblements similaires étaient prévus devant toutes les juridictions de France. "C'est assez inédit de vivre un tel mépris de la part de son propre ministre", a affirmé Céline Parisot, présidente de l'USM en marge du rassemblement parisien.

Pour les deux principaux syndicats de magistrats, le ministre cherche à "rabaisser" les personnels de justice. Selon les syndicalistes il existe un risque de "déstabilisation de l'institution judiciaire". "Nous ne laisserons pas faire", ont-il averti.

"Une chose simple: travailler en toute indépendance"

La colère des magistrats se fonde notamment sur la demande d'enquête administrative du garde des Sceaux à l'encontre de trois magistrats du PNF et ses déclarations dénonçant "la culture de l'entre-soi" à l'École nationale de la magistrature (ENM).

"Après avoir jeté le discrédit sur le PNF, à l'aube de la tenue d'un procès au cours duquel l'un des amis d'Eric Dupond-Moretti doit comparaître (Me Thierry Herzog, avocat de Nicolas Sarkozy et proche du garde Sceaux, ndlr), c'est au tour de l'ENM d'être caricaturée et réduite à un outil de reproduction d'une caste, alors que cette école s'est ouverte sur la société civile depuis de nombreuses années", ont mis en avant Céline Parisot et Katia Dubreuil.

Les magistrats ne demandent "qu'une chose simple: travailler en toute indépendance", ont-elles souligné.

Article original publié sur BFMTV.com