Magali Blandin: les zones d'ombre qui persistent autour du meurtre de la mère de famille
Deux jours après la découverte du corps de Magali Blandin, les enquêteurs évoquent un complot criminel orchestré par son époux et qui impliquerait plusieurs individus de la communauté géorgienne, mais également ses parents.
Un scénario criminel "d'une très grande complicité". C'est en ces termes que le procureur de la République a qualifié le week-end dernier l'affaire Magali Blandin qui a connu plusieurs rebondissements en l'espace de quelques heures.
L'enquête a pris une toute autre dimension après la découverte samedi du corps de la mère de famille à Boisgerville en Ille-et-Vilaine, plus d'un mois après sa disparition. C'est Jérôme G., son époux, qui a indiqué aux enquêteurs le lieu où il avait enterré le corps de sa femme.
S'en est suivie la mise en examen de ce dernier pour "meurtre par conjoint", mais pas seulement puisqu'il est également mis en examen pour "tentative de meurtre par conjoint" pour des faits survenus fin 2020. En outre, ses parents ont également été mis en examen, tout comme quatre personnes de nationalité géorgienne. Ce qui s'apparentait seulement au départ à un "homicide conjugal assez classique" selon les termes du procureur, semble finalement se révéler être une affaire d'une plus grande ampleur. Retour sur les points encore flous de ce drame.
· Un précédent projet criminel à l'automne dernier
Magali Blandin avait quitté Jérôme G. en septembre 2020 à la suite d'une plainte déposée contre ce dernier pour violences conjugales, bien qu'elle même avait déclaré à cette occasion "avoir pu elle-même se montrer violente" selon le parquet qui a classé cette plainte sans suite.
L'enquête a mis "en lumière un contexte de tension au sein du couple lié notamment à la gestion des ressources du ménage". Selon les premiers éléments, un "complot criminel" avait été instigué par son époux en novembre 2020 dans le but de tuer Magali Blandin. Il ne passe finalement pas à l'acte au cours de cette période et tue sa femme le jeudi 11 février au matin, en lui assénant deux violents coups de batte de baseball, devant l'appartement qu'elle loue, après avoir déposé ses enfants à l'école.
Il est ensuite revenu la nuit suivante pour "effacer méticuleusement" les traces de son crime et enterrer le corps dans un trou creusé dans une forêt enneigée, après avoir recouvert le corps de chaux vive.
La préméditation n'a pour autant pas été retenue par le parquet qui n'a pas mis en examen le père de famille sans emploi pour assassinat. Reste qu'une requalification des faits demeure possible.
· Que sait-on du rôle de quatre Géorgiens ?
Quatre personnes de nationalité géorgienne ont été mises en examen notamment pour tentative d'extorsion en bande organisée et l'une d'entre elles également pour meurtre en bande organisée dans cette affaire. La présence de celle-ci à proximité du domicile de Magali Blandin est avérée.
L'un des Géorgiens a été approché par Jérôme G. à l'automne 2020, lorsqu'il songe pour la première fois à tuer sa femme. L'époux lui donne alors une importante somme d'argent - plusieurs dizaines de milliers d'euros - pour l'éliminer. Les quatre individus auraient alors fait chanter le mari car disposant selon le procureur de la République d'un enregistrement où Jérôme G. déclarait son intention de tuer sa femme.
"Il se sentait menacé par ces individus, donc nous avons fait la démarche de dénoncer ces faits d'extorsion", indique l'avocat de Jérôme G. Me Jean Guillaume le Mintier. "A cette occasion aussi nous avons confié au juge d'instruction d'autres éléments incriminant mon client dans la disparition de Magali (Blandin)".
De leur côté, les suspects géorgiens contestent tout lien entre cette tentative d'extorsion de cette somme, liée selon leurs dires "à une simple dette du mari", et la disparition de Magali Blandin. Selon Ouest-France, la voiture de l'un des membres de la communauté géorgienne à laquelle Jérôme G. louait un hangar a servi à transporter le cadavre de Magali Blandin.
· Quel rôle les parents du mari ont-ils joué ?
L'autre événement marquant est la mise en examen des parents de Jérôme G., âgés de 72 et de 75 ans, pour "complicité de meurtre", ainsi que leur placement en détention provisoire par le juge des libertés et de la détention.
Ils auraient fourni un moyen matériel à leur fils: "ça peut être un alibi, de l'argent, la chaux jetée dans le trou (où a été retrouvé Magali Blandin, ndlr), ça peut-être la pelle avec laquelle il l'a creusé ou la voiture dans laquelle il a transporté le corps", énumère Dominique Rizet. Le consultant police-justice de BFMTV note par ailleurs que les deux septuagénaires ont eu un autre fils qui s'est suicidé il y a une dizaine d'années à la suite d'un divorce compliqué.
"Les parents ici n'ont pas cette qualité d'auteurs telle qu'on pourrait l'entendre s'ils étaient eux aussi mis en examen pour meurtre", assure Me Gwendoline Tenier, avocate de la belle-mère de Magali Blandin qui a annoncé faire appel du placement en détention provisoire de sa cliente.
Me Jean Guillaume Le Mintier assure également que le père et la mère de Jérôme G. n'étaient pas informés du "dessein criminel, des détails, de la consistence de ce qu'ils avaient prévu".
"Il affirme à corps et à cri qu'il est le seul responsable de ce crime et que seul lui doit payer", a déclaré l'avocat pénaliste dimanche sur BFMTV.
Article original publié sur BFMTV.com
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