Mafia, violences : les virages italiens gangrenés par le crime organisé
Un ballon de football, orné d’une mèche en feu, et donc prêt à exploser. Le dessin est accompagné d’un jeu de mots qui fonctionne aussi bien en italien qu’en français : “virages dangereux”. C’est ainsi que se présente la première page de L’Espresso du jeudi 15 août, qui fait référence aux virages des stades italiens, où se réunissent les groupes de supporteurs.
Problème : de l’autre côté des Alpes, les ultras ne font pas qu’encourager leur équipe. En effet, “dans plusieurs grandes villes, mais pas seulement, le monde des supporteurs organisés est dominé par des personnages criminels, s’inquiète l’hebdomadaire, et ceux-ci sont souvent liés à des boss mafieux”. Les exemples ne manquent pas.
Jusqu’au 29 octobre 2022, par exemple, le virage de l’Inter de Milan, équipe championne d’Italie en titre, était contrôlé par Vittorio Boiocchi, 69 ans, dont 26 passés derrière les barreaux pour plusieurs crimes, parmi lesquels le trafic de stupéfiants. “En prison, il s’était lié d’amitié avec des boss de Cosa Nostra et de la ’Ndrangheta [mafia calabraise] , rapporte le média de gauche, ce qui ne l’a pas empêché d’être tué lors d’un raid aux motivations mystérieuses, le 29 octobre 2022.
Boiocchi était à ce moment interdit de stade, mais son contrôle sur les supporteurs s’exerçait aussi depuis l’extérieur. En témoigne l’évacuation forcée du virage par les ultras lorsque la nouvelle de sa mort s’est répandue, en plein match de l’Inter. Ont succédé à Boiocchi deux chefs ultras, tous deux avec un lourd casier judiciaire, tout comme celui du capo des supporteurs de l’autre équipe de la ville, le Milan AC.
L’impératif : “contrôler le territoire”
Ce dernier répond au nom de Luca Lucci et est aussi dans le viseur de la justice pour des affaires de drogue et de violence. Quant au club le plus titré du pays, la Juventus de Turin, l’infiltration de son virage par la ’Ndrangheta est avérée depuis des années.
Enfin, il faut noter que les choses ne vont pas mieux dans le sud de la Botte, par exemple du côté de la Lazio de Rome, où le leader historique du virage, “Fabrizio Piscitelli, surnommé ‘Diabolik’, a été tué le 7 août 2019”, rappelle L’Espresso. Toujours dans le cadre d’un règlement de comptes criminel.
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