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Venezuela: La réélection de Maduro contestée, les USA sanctionnent

La réélection attendue de Nicolas Maduro, dimanche, à la présidence vénézuélienne a suscité de vives réactions dans le monde et lui a valu de nouvelles sanctions américaines. /Photo prise le 20 mai 2018/REUTERS/Carlos Garcia Rawlins

par Luc Cohen et Vivan Sequera

CARACAS (Reuters) - La réélection attendue de Nicolas Maduro, dimanche, à la présidence vénézuélienne a suscité de vives réactions dans le monde et lui a valu de nouvelles sanctions américaines.

Le chef de l'Etat a quant à lui salué une victoire sur "l'impérialisme", alors que son principal adversaire dénonce des irrégularités et refuse de reconnaître le résultat.

La majeure partie de l'opposition avait appelé au boycott du scrutin, qu'elle assimile au "couronnement" d'un dictateur. Ses deux principaux représentants avaient été déclarés inéligibles.

Nicolas Maduro a obtenu 5,8 millions de voix, soit quatre millions de plus qu'Henri Falcon, selon la commission électorale.

La participation s'élève à 46,1%, a-t-elle précisé. Pour l'opposition, elle n'a en réalité pas même atteint les 30%.

Selon une source proche de la commission électorale, 32,3% des électeurs avaient voté à 18h00 (22h00 GMT), heure de fermeture de la plupart des bureaux de vote. En 2015, pour la précédente élection présidentielle, elle avait été de 80%.

Nicolas Maduro, 55 ans, qui se présente comme le "fils" du charismatique Hugo Chavez décédé en 2013, assure faire face à un complot fomenté par les Etats-Unis dont l'enjeu serait les ressources pétrolières vénézuéliennes. Ses détracteurs, qui se disent victimes d'une campagne de répression politique, le tiennent pour seul responsable de la ruine économique d'un pays autrefois florissant.

"Ils m'ont sous-estimé", a-t-il déclaré à ses partisans réunis devant le palais présidentiel. "La révolution est ici pour durer !", a poursuivi le président, assurant que sa priorité serait de redresser l'économie après cinq années de récession.

Henri Falcon, ancien gouverneur de l'Etat de Lara, a demandé la tenue d'un nouveau scrutin. Le troisième candidat, le pasteur évangélique Javier Bertucci, s'est joint ensuite à cette demande.

"KLEPTOCRATIE"

Les Etats-Unis ont annoncé dès dimanche qu'ils ne reconnaîtraient pas les résultats de l'élection et Donald Trump a ordonné lundi la mise en oeuvre d'une nouvelle série de sanctions dans les secteurs pétrolier et financier.

"Nous assistons littéralement à un cambriolage de la part du régime, qui cherche à vendre tout ce qui n'est pas verrouillé. La région n'a jamais vu une kleptocratie de cet acabit", a déclaré un membre de son administration ayant requis l'anonymat, qui a détaillé les mesures de rétorsion américaines lors d'une conférence de presse téléphonique.

Le sénateur républicain Marco Rubio, connu pour son hostilité envers Nicolas Maduro, s'est dit ouvert à "toutes les possibilités" pour ramener la démocratie au Venezuela. Par le passé, Donald Trump a déclaré qu'il n'excluait pas une intervention militaire.

A l'instar des Etats-Unis, l'Union européenne et certains pays latino-américains ont déclaré à plusieurs reprises avant le scrutin que les conditions dans lesquelles il se tiendrait étaient iniques.

"Le processus électoral au Venezuela n'a pas respecté les normes démocratiques les plus élémentaires. L'Espagne et ses partenaires européens vont étudier des mesures appropriées et continuer à oeuvrer pour alléger les souffrances des Vénézuéliens", écrit sur Twitter le président du gouvernement espagnol Mariano Rajoy.

Le "groupe de Lima", qui réunit 14 pays d'Amérique, du Canada au Brésil, a jugé le scrutin illégitime et a revu ses relations diplomatiques avec Caracas à la baisse. Pour le Brésil, l'élection "renforce le caractère autoritaire du régime".

"Compte tenu du manque de légitimité du processus électoral, nous ne reconnaissons pas les résultats de l'élection (...) qui excluait la participation de certains acteurs politiques", a quant à lui déclaré le ministre argentin des Affaires étrangères, Jorge Faurie, qui s'exprimait également au nom du Canada, de l'Australie, du Mexique, du Chili et des Etats-Unis, à l'occasion d'une réunion du G20.

En revanche, des pays politiquement proches de Caracas, comme Cuba et le nouveau gouvernement de gauche du Salvador, ont adressé leurs félicitations au vainqueur.

A Pékin, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois, Lu Kang, estimé que gouvernement et le peuple vénézuéliens étaient à même de gérer leurs propres affaires intérieures et que chacun devait respecter le choix du peuple vénézuélien.

(avec Corina Pons; Jean Terzian, Eric Faye et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)