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Maduro proclame toute puissante l'Assemblée constituante

Le président vénézuélien Nicolas Maduro a consacré jeudi l'Assemblée constituante comme la plus haute instance du pays lors de sa première apparition devant la chambre, alliée du parti socialiste. /Photo prise le 10 août 2017/REUTERS/Carlos Garcia Rawlins

CARACAS (Reuters) - Le président vénézuélien Nicolas Maduro a consacré jeudi l'Assemblée constituante comme la plus haute instance du pays lors de sa première apparition devant la chambre, alliée du parti socialiste. Le chef de l'Etat socialiste a dit se soumettre aux pouvoirs de l'Assemblée constituante entrée en fonction il y a six jours. "En tant que chef de l'Etat, je me soumets aux pouvoirs de cette assemblée constituante", a-t-il déclaré. "Je viens reconnaître ses pouvoirs plénipotentiaires (sic), souverains, originaux et magnifiques", a-t-il ajouté. L'élection le 30 juillet dernier des 545 membres de l'Assemblée a déclenché des condamnations internationales, de nombreux pays jugeant qu'elle usurpait l'autorité de l'Assemblée nationale, où l'opposition est majoritaire. La chambre, où ne siègent que des alliés des socialistes, pourrait en outre permettre à Nicolas Maduro de s'arroger les pleins pouvoirs, prédit l'opposition. Le chef de l'Etat a présenté l'élection comme le seul moyen de résoudre la crise politique qui agite le pays, après quatre mois d'une vague de contestation qui a fait plus de 120 morts. Les craintes de l'opposition ont été confirmées lors de la première session de travail de la chambre le 5 août, ses membres limogeant à l'unanimité la procureure générale du pays Luisa Ortega, principale opposante à Maduro à l'intérieur des cercles du pouvoir. Le médiateur du pays, Tarek Saab a été choisi pour la remplacer et a dénoncé sa "complicité et son inaction" face au bain de sang des manifestations. Convoquée par la justice, l'ancienne procureure est désormais en fuite et se déplace de refuge en refuge. Jeudi, elle disait à Reuters craindre pour sa vie. Les violences entre manifestants et forces de l'ordre ont officiellement coûté la vie à plus de 120 personnes depuis le début du mouvement de contestation anti-Maduro au mois d'avril. "Cette assemblée a eu une naissance violente", a déclaré jeudi Nicolas Maduro, avant de promettre que les manifestants violents seraient incarcérés, déclenchant une ovation des députés. L'opposition, qui a boycotté les élections constituantes, réclame la tenue d'un scrutin présidentiel en vue de remplacer l'impopulaire Nicolas Maduro, dont le mandat a été marqué par une sévère récession économique source de pénuries. (Hugh Bronstein et Diego Oré, Julie Carriat pour le service français)