Maduro, l’ex-roi de TikTok, part en croisade contre les réseaux sociaux
La nuit de noces n’aura pas duré longtemps. Couronné “roi de TikTok” avant l’élection présidentielle vénézuélienne, grâce à ses vidéos qui cumulent des millions de vues, Nicolás Maduro est depuis parti en croisade contre les réseaux sociaux.
Après s’être pris le bec avec son “archi-ennemi” Elon Musk sur X, et avoir “coupé toute relation” avec WhatsApp, le dirigeant chaviste, dont la réélection le 28 juillet 2024 est entachée d’accusations de fraude, s’en prend à présent à TikTok.
TikTok est dirigée par Zhang Yiming. Or, “loin des accusations infondées de Maduro, Yiming a, comme tous les magnats de son pays, une relation étroite avec le Parti communiste chinois, avec lequel il a promis en 2015 d’‘approfondir la coopération politique et idéologique’, rappelle La Patilla. C’est-à-dire que TikTok fonctionne selon les diktats de Xi Jinping, qui est un allié géopolitique de Maduro”, explicite le média.
Une censure généralisée
Si la situation peut sembler comique à première vue, elle cache en fait une réalité beaucoup plus sombre. Celle d’un régime en manque de légitimité, qui a fait fermer plus de 400 médias en vingt ans afin de faire taire la critique, et qui s’en prend à présent aux réseaux sociaux pour couper toute communication entre ses détracteurs.
“Imposer la surveillance et semer la terreur par le biais d’une application vise à perturber le fonctionnement de la société civile et des partis politiques d’opposition par la rhétorique de la peur, et à empêcher les gens de s’exprimer et de s’organiser”, a ainsi expliqué à El País America Luis Serrano, coordinateur de l’ONG Redes Ayuda, qui défend les droits numériques.
Même le portail de commerce en ligne Mercado Libre et la plateforme d’échange de cryptomonnaies Binance sont tombés sous le coup de la censure, rapporte Efecto Cocuyo, ainsi que Disney+ et HBO.
Habitués aux coups de sang du régime en place depuis 1999, les Vénézuéliens ont appris à contourner les blocages à travers l’utilisation de VPN ou d’applications comme Noticias Sin Filtro, qui permettent de lire librement les médias censurés par le gouvernement. Mais la répression est telle qu’ils cachent aujourd’hui toute information susceptible de les identifier en ligne, alors que plus de 2 200 manifestants et opposants ont été arrêtés, selon les chiffres du gouvernement – plus de 1 000 selon les ONG –, rappelle le média Tal Cual.
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