Publicité

Emmanuel Macron tente de rassurer des professions réglementées

par Marine Pennetier PARIS (Reuters) - Les notaires ont manifesté ce mercredi dans plusieurs villes de France pour protester contre le projet de réforme des professions réglementées préparé par le gouvernement qui, face aux inquiétudes, tente de rassurer les professions concernées. Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées place de la République à Paris à l'appel du Conseil supérieur du notariat qui a invité les quelque 9.500 notaires de France ulcérés par cette réforme qui constitue selon eux "une menace sur la sécurité juridique des Français et de leur famille". Cette manifestation survient deux jours après celle des huissiers de justice et avant la journée de grève prévue le 30 septembre prochain à l'appel de l'Union nationale des professions libérales (Unapl). Dans la ligne de mire des 37 professions réglementées, dont les huissiers, les notaires, les pharmaciens, les greffiers, les chauffeurs de taxi et les prothésistes, une réforme dont les grandes lignes ne sont pas encore connues mais qui pourrait éventuellement mettre fin à leur monopole. "Une vie sans notaires, c'est vous qui en faites les frais", "après le désert médical, le désert juridique", pouvait-on lire sur les pancartes brandies par les manifestants, en colère contre la stigmatisation selon eux de leur profession. "On m'a dit que j'étais une rentière, je n'ai jamais eu l'impression d'être une rentière, un rentier c'est quelqu'un qui gagne sa vie sans travailler, ce n'est pas du tout notre cas, notre travail on le fait et efficacement", souligne Catherine, 46 ans, qui a une étude dans les Yvelines. "J'ai été à l'école comme tout le monde, je ne suis pas fils de notaire, j'ai travaillé, j'ai acheté mon étude, c'est ouvert à tout le monde, il ne faut pas avoir d'idées reçues", renchérit Vincent, 53 ans. MISSION D'INFORMATION A l'Assemblée nationale, le ministre de l'Economie Emmanuel Macron, qui a reçu dans la matinée les huissiers de justice et recevra les notaires jeudi, s'est employé à apaiser les inquiétudes avant la présentation du projet de loi, fin 2014. "Il ne s'agit pas de casser ce qui fonctionne, de remettre en cause l'équilibre des territoires ou de certaines professions mais il y a des marges de manoeuvre", a-t-il dit lors des questions au gouvernement. "En d'autres termes, l'esprit dans lequel je compte aborder cette réforme, ce n'est ni celui de la stigmatisation ni celui pour autant de l'immobilisme". Une mission d’information sur les professions juridiques réglementées a été mise en place par la commission des lois de l'Assemblée nationale. "La méthode sera celle de la concertation, nous ne ferons pas de réforme contre les dites professions, nous la ferons avec elles", a indiqué Emmanuel Macron. La rupture entre les professions réglementées et le gouvernement a été entamée cet été avec la publication d'un rapport de l'Inspection générale des finances et la décision de l'ex-ministre de l'Economie Arnaud Montebourg de réformer ces professions pour restituer, selon lui, 6 milliards d'euros de pouvoir d'achat aux Français. Emmanuel Macron s'est démarqué de son prédécesseur, soulignant qu'il ne fallait pas "raconter d'histoire". "Je ne vais pas dire qu'on rendra 6 milliards d'euros de pouvoir d'achat aux Français, ça n'est pas vrai, c'est une illusion", a-t-il dit. SATISFACTION Reçu par la ministre de la Justice Christiane Taubira et Emmanuel Macron mercredi matin, le représentant des huissiers de justice Patrick Sannino s'est dit satisfait à l'issue de la rencontre des réponses apportées à sa profession. "Le ministre de l'Économie a confirmé sa volonté de maintenir le monopole des huissiers sur les significations des décisions de justice", a-t-on indiqué auprès de la Chambre nationale des huissiers de justice. "Sur tous les autres points, des réunions de travail vont avoir lieu", a-t-on ajouté. Lancée lundi, leur grève a été levée à l'issue d'une assemblée générale mercredi matin mais les huissiers restent "vigilants et mobilisés", souligne-t-on. La remise en cause du monopole des professions réglementées ne fait pas consensus au sein de la classe politique. Invité sur France Info, le député et candidat à la présidence de l'UMP, Bruno Le Maire s'est dit choqué par le projet de réforme du gouvernement. Les socialistes ont pris les professions réglementées comme "boucs émissaires de leur absence de courage", a-t-il ajouté. Dans un communiqué, le Front national dénonce ce qu'il voit comme un processus "de libéralisation des professions voulue par l'Union européenne, sur un modèle anglo-saxon." (Avec Nicholas Vinocur et le service France, édité par Yves Clarisse)