Macron va présenter son "anti-plan Marshall" pour les banlieues

Emmanuel Macron tracera mardi les grandes lignes de la politique qu'il entend mener en faveur des quartiers prioritaires et qu'il souhaite en rupture avec la dizaine de plans banlieues mis en place ces quarante dernières années en France. /Photo prise le 20 février 2018/REUTERS/Ludovic Marin

PARIS (Reuters) - Emmanuel Macron tracera mardi les grandes lignes de la politique qu'il entend mener en faveur des quartiers prioritaires et qu'il souhaite en rupture avec la dizaine de plans banlieues mis en place ces quarante dernières années en France sans résultat probant pour les habitants de ces territoires.

Le chef de l'Etat réunira dans la matinée à l'Elysée le conseil présidentiel des villes - dont il avait annoncé la création en novembre lors d'un déplacement à Tourcoing - avant de prendre la parole devant plusieurs centaines de personnes.

Il annoncera à cette occasion des "mesures très concrètes pour le quotidien des habitants" et "insistera sur l'engagement de toutes les parties prenantes, des entreprises, des élus et des collectivités territoriales", souligne-t-on à l'Elysée.

"Il ne s'agit pas d'un plan, l'enjeu n'est pas de réinventer de grands dispositifs, l'idée c'est davantage de sonner la mobilisation et de partir de la base", ajoute-t-on. "Il y a beaucoup d'argent qui a été mis, il y en aura probablement un peu plus sur un certain nombre de dispositifs mais l'enjeu n'est pas tant budgétaire que de mobilisation et de faire en sorte que ça fonctionne".

Les attentes sont grandes. Depuis 40 ans, une dizaine de "plans banlieue" ont été lancés avec un bilan mitigé : les 1.500 quartiers labélisés "politique de la ville" (QPV), où vivent 5,5 millions de personnes, affichent encore des taux de chômage et de pauvreté nettement supérieurs à la moyenne nationale.

Ces quartiers comptent par ailleurs toujours deux fois moins de médecins généralistes, près de cinq fois moins de crèches et de nombreux services publics ont au fil des ans disparu.

Un statu quo qui a nourri ces dernières années la colère et l'amertume des élus - le maire de Sevran (Seine-Saint-Denis) et défenseur des quartiers défavorisés Stéphane Gatignon a ainsi démissionné en avril, "fatigué" par l'absence de volonté politique - et qui pousse certains à tirer régulièrement la sonnette d'alarme.

"INÉGALITAIRE ET INADAPTÉ"

Dans un rapport d'évaluation de l'action des pouvoirs publics en Seine-Saint-Denis, dont les grandes lignes ont été publiées par Le Monde vendredi, les députés François Cornut-Gentille (LR) et Rodrigue Kokouendo (LaRem) dressent ainsi un constat sans appel.

"Des sous-effectifs injustifiables à mission égale", un Etat "à la fois inégalitaire et inadapté", une "absence de véritable stratégie des ressources humaines" qui "a fait de la Seine-Saint-Denis une école de formation bis pour les fonctionnaires stagiaires ou débutants", peut-on notamment lire.

Lors de sa prise de parole mardi, Emmanuel Macron devrait "rappeler que beaucoup de choses ont été faites" depuis le début de son quinquennat, indique-t-on à l'Elysée, qui cite notamment la mise en place de la police de sécurité du quotidien (PSQ), le dédoublement des classes de CP et de CE1 et les emplois francs.

L'anti-plan Marshall du chef de l'Etat ne devrait s'inspirer, qu'en partie seulement, des mesures préconisées par l'ancien ministre centriste Jean-Louis Borloo, artisan du programme national de rénovation urbaine (PNRU) qui a généré 48 milliards d'euros de travaux depuis 2003.

Ce rapport, remis le 26 avril au Premier ministre Edouard Philippe, presse l'exécutif d'agir sur tous les fronts, de l'aide aux communes à l'emploi, en passant par l'école et la rénovation urbaine. Selon lui, environ 10 milliards d'euros seraient nécessaires chaque année pour mettre en oeuvre ce plan, dont un peu plus de 3 milliards directement portés par l'Etat.

"Il y a des choses qui sont convergentes et qui s'inscrivent dans la stratégie définie par le président, il y aussi des angles morts sur les sujets de sécurité et de communautarisme", soulignait-on dans l'entourage d'Emmanuel Macron cette semaine. "C'est un travail important qui a été réalisé mais ce n'est pas l'alpha et l'oméga de ce que peut être la stratégie du gouvernement en matière de politique de la ville".

(Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse)