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Macron va à Bruxelles pour défendre une UE fustigée de toutes parts

POLITIQUE - Nouvel arrêt à Bruxelles. La route de la présidentielle 2022 passe par la capitale des Belges pour Emmanuel Macron. Le chef de l’État, unioniste convaincu, participe, ce jeudi 21 et vendredi 22 octobre, à un nouveau Conseil européen, dans une ambiance toute particulière, à l’heure où la France s’apprête à en prendre la présidence tournante.

Ce sera en janvier prochain. Le président de la République a donc trois mois, avec les dirigeants qui partagent sa ligne, pour déminer les critiques et défendre une organisation attaquée de tous les côtés.

En France, la précampagne présidentielle est marquée par un tir de barrage, venu de la droite, comme de la gauche, contre les règles bruxelloises et leurs traités. Quant à l’échelle du continent, c’est l’attitude de la Pologne qui sème le doute depuis que le Tribunal constitutionnel du pays a consacré la primauté du droit local sur celui édicté par les institutions européennes.

La Pologne au centre du jeu (et des critiques)

Il s’agit d’un “risque d’une sortie de facto” de l’Union, selon les mots du secrétaire d’État à l’Europe, Clément Beaune. Il en sera évidemment question lors de ces deux jours de réunions bruxelloises.

Plus concrètement, l’Élysée parle d’une “nécessité de dialogue” et espère des “solutions” de la part de Varsovie après cette “attaque directe contre des dispositions (...) qui garantissent l’indépendance de la justice, et donc l’Etat de droit en Pologne.” Dans ce contexte, plane, dès lors, le spectre de nouvelles sanctions contre un État membre. Une éventualité que Paris n’exclut pas, évoquant, en des termes plus diplomatiques, “un ensemble de moyens de pression, d’outils pour réagir.”

Tout d’abord, la Commission européenne n’est pas prête d’entériner les 36 milliards du plan de relance polonais, et encore moins d’en commencer les versements. Du côté de l’Élysée, on explique clairement ne “pas voir”, dans ces conditions, “comment la commission pourrait le valider.” “Ce n’est pas un chantage financier, c’est le fait de répondre, ou non, à un certain nombre de principes fondamentaux, au premier rang desquels la garantie de l’État de droit et l’indépendance de la justice”, nous dit-on.

Et ensuite? Ce levier pourrait bien être l’un des seuls à disposition des différents dirigeants du continent, dont la grande majorité s’inquiète de la fronde polonaise. Certes, l’article 7 du Traité sur l’Union pourrait être invoqué. Il permet à l’UE de sanctionner un État qui ne respecte pas ses valeurs fondatrices, lesquelles comprennent, par exemple, le respect de la dignité humaine, des droits de l’homme, ou de l’état de droit. Mais l’unanimité, moins le pays concerné, est requise pour acter de réelles sanctions.

Macron en chantre du nucléaire

Une perspective assez improbable à l’heure où la Pologne, la Hongrie, accompagnées par “deux ou trois autres pays” du continent, “sont dans une alliance de fait pour ne pas permettre d’aller au bout de la procédure”, selon les mots de la présidence française.

C’est donc un nouveau bras de fer qui pourrait s’engager à l’échelle européenne, après ceux sur la mutualisation des dettes ou l’approvisionnement en matériel médical, qui auront jalonné la crise sanitaire. D’autant que la question polonaise n’est pas la seule à être propice aux remous en cet automne.

Emmanuel Macron veut également profiter de ce Conseil pour remettre à plat les règles du marché de l’électricité dans un contexte de flambée -inédite ou presque- des tarifs. Il veut également pousser sa stratégie énergétique basée, en partie, sur le nucléaire, en l’incluant dans la taxonomie européenne. En d’autres termes: faire que l’électricité produite par les centrales soit considérée comme une énergie “durable”, répondant aux six objectifs environnementaux que fixe ce système de classification.

Et là aussi, le chef de l’État pourrait se heurter à la réticence de plusieurs de ses homologues. D’un côté, “un certain nombre d’États membres, notamment nordiques, sont très attachés à ce qu’il n’y ait pas de réforme” du marché, selon les mots de l’Élysée. Sur le nucléaire, seule une dizaine de pays, partage l’objectif d’Emmanuel Macron. C’est le cas notamment de la Finlande, de la Roumanie ou de la Slovénie. Autant de nations qui utilisent cette technologie, mais qui ne comptent pas parmi les plus influentes d’Europe.

De quoi augurer de nouvelles crispations avant que la France assume la présidence du Conseil de l’UE. Un enjeu majeur pour Emmanuel Macron, lequel a fait de son attachement au projet européen l’un des ciments de sa politique, programmé à quatre mois de l’élection présidentielle. L’occasion rêvée, pour lui, d’enfiler son costume de champion de l’Europe, après avoir rangé celui de “champion de la Terre.”

À voir également sur Le HuffPost: Macron tance les candidats qui attaquent l’Europe

Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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