Macron recadre Borne sur le RN, le discret soutien de Le Maire sur France Inter

(Illustration) Elisabeth Borne et Emmanuel Macron le 8 mai 2023 à Paris
(Illustration) Elisabeth Borne et Emmanuel Macron le 8 mai 2023 à Paris

GOUVERNEMENT - « Elle est fondée à rappeler cette histoire. » Élisabeth Borne peut compter sur le soutien de Bruno Le Maire. Plusieurs indiscrétions du Conseil des ministres de mardi ont fuité dans la presse, notamment un recadrage de la part d’Emmanuel Macron à l’attention de la cheffe de l’exécutif, après ses déclarations ce dimanche.

Sur Radio J, la Première ministre avait dénoncé la banalisation du Rassemblement national, « parti héritier de Pétain », dont les « idées sont toujours les mêmes ». « Le combat contre l’extrême droite ne passe plus par des arguments moraux », a rétorqué ce mardi Emmanuel Macron devant le gouvernement au complet. « Il faut décrédibiliser » le RN « par le fond et les incohérences », « par le concret », plutôt que par des « postures morales » ou des « mots des années 1990 qui ne fonctionnent plus », a-t-il ajouté.

Si l’Élysée assure que le président « ne recadre jamais la Première ministre en Conseil des ministres », et si le palais a même de nouveau assuré ce mercredi qu’Élisabeth Borne avait la confiance du président, cette mise au point a suscité de nombreuses réactions.

Interrogé ce mercredi 31 mai sur France Inter, Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie a visiblement estimé qu’Élisabeth Borne avait visé juste. « Je pense que le Rassemblement national a eu une histoire et que la Première ministre est parfaitement fondée à rappeler cette histoire. Je pense surtout qu’aujourd’hui nous avons un parti qui a plus de 80 députés, qui a une force politique dans notre pays, et dont pourtant aucune des solutions ne fonctionne, ne peuvent être efficaces », a-t-il assuré.

Relancé par la journaliste Léa Salamé sur les « arguments moraux » évoqués par le chef de l’État, Bruno Le Maire répète : « On peut rappeler parfaitement, comme l’a fait la Première ministre, l’histoire du Rassemblement national, tout en combattant le Rassemblement national sur ses propositions, sur ses idées. »

Le « cynisme » de Macron

À droite et à gauche, les propos prêtés au président de la République n’ont pas vraiment été salués. Pour le patron des députés LR, Olivier Marleix, Emmanuel Macron a d’abord « fait de la diabolisation » du RN avant de changer de discours en faveur de sa « banalisation ». « Sans cette diabolisation, il ne serait pas président de la République (...). Venir, maintenant qu’il n’est plus rééligible, nous dire qu’après lui, finalement, le déluge, je trouve ça extrêmement malsain de sa part (...). C’est un cynisme assez incroyable », déplore-t-il encore. Olivier Marleix « n’oublie pas » que parmi les fondateurs du Front national figurait Pierre Bousquet qui « a été un officier de la Waffen SS ».

Une banalisation également dénoncée à gauche par plusieurs élus dont l’eurodéputée EELV Mélanie Vogel. « Le RN est héritier de Pétain. C’était vrai dès sa création. Ça le sera toujours. Recadrer la Première ministre parce qu’elle énonce une vérité sur l’extrême droite illustre la dérive complète du Président de la République », a-t-elle posté sur Twitter.

Sur BFMTV, le Premier secrétaire du Parti Socialiste, Olivier Faure a jugé le recadrage « d’une violence incroyable ». « J’étais stupéfait de voir la Première ministre recadrée sur un sujet comme celui-là, d’abord pour des raisons qui sont strictement liées à son histoire personnelle. Elle est la fille d’un déporté d’Auschwitz », a rappelé le patron du PS.

Du côté du RN en revanche, les explications du président ont été très bien accueillies. « C’est le petit rappel à l’ordre avant le conseil de discipline qui précédera l’exclusion définitive ! », veut croire, auprès de nos confrères du Parisien, le député RN Thomas Ménagé. Jordan Bardella a pour sa part demandé ce mercredi à Élisabeth Borne de « s’excuser ». Rappelant être né en 1995, il a critiqué la « méconnaissance de l’histoire », selon lui, de la Première ministre, et « probablement la volonté de salir des millions de Français qui sont des patriotes ».

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