Macron prend le pouls d'une armée de terre sous tension

Emmanuel Macron a passé jeudi quelques heures en immersion au sein de l'armée de terre dans la Marne, l'occasion pour le chef de l'Etat de prendre le pouls sur sa loi de programmation militaire (LPM) auprès d'un corps sous tension depuis les attentats de 2015. /Photo prise le 1er mars 2018/REUTERS/Yoan Valat

par Marine Pennetier

CAMP MILITAIRE DE MOURMELON, Marne (Reuters) - "Ça va, le moral est bon?" : Emmanuel Macron a passé jeudi quelques heures en immersion au sein de l'armée de terre dans la Marne, l'occasion pour le chef de l'Etat de prendre le pouls sur sa loi de programmation militaire (LPM) auprès d'un corps sous tension depuis les attentats de 2015.

Lors de ce déplacement militaire, qui suit une visite à l'armée de l'air à Istres et à la Marine sur l'île Longue en juillet, le chef de l'Etat a assisté, depuis un hélicoptère NH90 Caïman puis au sol, à des manoeuvres d'entraînement en conditions réelles sur le camp de Suippes.

Au côté de sa ministre des Armées Florence Parly, il a notamment pu observer les chars Leclerc - déployés dans le cadre des mesures de réassurance de l'Otan dans les pays Baltes face à la Russie - et des savoir-faire utilisés par les militaires de l'opération Barkhane au Sahel.

Il s'est ensuite fait présenter sur le camp de Mourmelon les innovations dévéloppées par l'armée de terre, notamment les équipements du "combattant 2020" avec des treillis ignifugés ou les engins blindés du programme Scorpion appelés à remplacer des véhicules avant-blindés (VAB) à bout de souffle.

"Sur les prochains mois et années, il faut qu'ensemble nous puissions réussir cette bataille de la LPM", a déclaré Emmanuel Macron aux troupes. "L'objectif est simple : que nous soyons sans conteste la première armée européenne en terme de motivation, de capacité et de technologie, c'est à notre portée de main, nous l'avons déjà dans nombre de composantes".

"Une bataille essentielle à mener à court terme était la bataille du matériel et de l'équipement", a-t-il poursuivi. "Je souhaite que très rapidement vous puissiez voir des signes de cette LPM, qu'elle change le quotidien des soldats, et d'acquérir des matériels plus adaptés à vos opérations et qui assurent mieux votre sécurité".

Pour l'armée de terre, la LPM prévoit une accélération du programme Scorpion - avec la livraison de 50% des nouveaux véhicules prévus (Griffon, Jaguar) d'ici 2025. Quelque 530 millions d'euros seront également consacrés à l'amélioration du quotidien des familles sur 2019-2025.

DES "RÉSERVES"

La présentation début février de la LPM, qui prévoit de consacrer 295 milliards d'euros à la Défense entre 2019 et 2025, a permis en partie de réchauffer les relations entre l'Elysée et les armées, refroidies par la crise sans précédent de l'été qui a débouché sur la démission du chef d'Etat-major des armées.

Cette LPM, qui doit être examinée à partir de mars à l'Assemblée nationale et votée à l'été, a été globalement plutôt bien accueillie par l'armée de terre, qui s'est félicitée d'une loi "à hauteur d'hommes" prenant en compte les conditions des militaires, leurs familles et l'épineuse question du matériel.

"Le président m'a posé la question sur le moral des troupes, je lui ai dit qu'il était plutôt bon, à la hausse et avec réserves", a dit à Reuters le chef d'état-major de l'armée de terre, le général Jean-Pierre Bosser. "Il faut rapidement mettre des effets concrets dans la balance de cette LPM qui est une vraie remontée en puissance."

"Il y a un temps de latence entre le moment où on la décide et le moment où les premiers effets arrivent, il faut combler ce temps et on a les moyens de le faire au travers de petits équipements qui font l'objet d'un ressenti extrêmement fort auprès des soldats", a-t-il ajouté.

L'armée de terre française, qui compte quelque 110.000 hommes, a subi sept pertes dans ses rangs depuis le début de l'année - cinq dans le crash d'un hélicoptère dans le Var début février et deux au Mali par un engin explosif la semaine dernière.

(Edité par Yves Clarisse)