Ce que Macron et les partis se sont dit pour aboutir à la nomination d’un Premier ministre en 48 heures
POLITIQUE - Opération de déblaiement. Emmanuel Macron a reçu tous les partis représentés à l’Assemblée nationale ce mardi 10 décembre pour essayer de trouver une issue à la crise politique, aiguë depuis la censure du gouvernement de Michel Barnier. Une réunion pour déblayer le terrain, avant que le futur locataire de Matignon ne s’occupe des fondations.
Se sont donc retrouvés, autour de la table, dans les jardins d’hiver de l’Élysée, les dirigeants du Parti socialiste, du Parti communiste, des écologistes, de la droite et du bloc central (MoDem, Renaissance, Horizons). En clair, tous ceux qui se sont inscrits dans « une logique de compromis », selon le vocable de l’entourage du chef de l’État.
Résultat ? Deux heures d’échanges, un semblant d’accord sur la méthode et quelques annonces de la part du président de la République. Ainsi, Emmanuel Macron a indiqué aux partis qu’il allait nommer le futur Premier ministre dans les 48 heures. Il leur a aussi confirmé qu’il souhaitait ne pas dissoudre de nouveau l’Assemblée nationale. Quant au reste, ce sera pour plus tard.
Accord sur la méthode ?
De l’avis de tous les participants, la réunion de ce mardi s’est avant tout concentrée sur des questions d’architecture et de méthode pour offrir au futur Premier ministre la stabilité qui a fait défaut à Michel Barnier. En ce sens, tous les partis - dont le camp présidentiel - se sont accordés à ne plus dépendre du bon vouloir du Rassemblement national, comme c’était le cas pour le gouvernement précédent.
Ainsi, chaque participant a poussé ses pions, comme l’ont montré les réactions au sortir de l’Élysée. Laurent Wauquiez a indiqué qu’il renverserait automatiquement un gouvernement uniquement s’il accueillait en son sein des membres de la France insoumise, ou s’il ne défendait que le programme du Nouveau Front populaire. De l’autre côté du spectre, socialistes et écologistes ont eux plaidé pour un Premier ministre de gauche. Rien de (très) neuf sous le soleil.
En réalité, c’est le chemin de la « non-censure » qui semble se dégager. Les partis se sont - semble-t-il - accordés sur le fait de ne pas renverser un Premier ministre venu d’une autre famille politique. Ce qui fait dire à l’entourage d’Emmanuel Macron, peut-être un peu précocement, que « la question de la stabilité, c’est réglé ».
Qu’en est-il réellement ? L’idée, avancée notamment par le communiste Fabien Roussel, serait de priver le futur Premier ministre de l’arme du 49.3, qui lui permet de faire adopter des lois sans vote des députés en engageant sa responsabilité. En contrepartie, les oppositions s’engageraient à ne pas voter de motion de censure pour le renverser. « Personne à ce stade n’a jeté d’oukase sur le sujet de la non-censure, ça ouvre les possibilités », se réjouit-on encore parmi les proches du chef de l’État.
Le fond, ce sera pour après
En somme, il s’agirait alors d’un « accord de coresponsabilité démocratique », a détaillé le président du MoDem François Bayrou, cité parmi les « Premier ministrables ». Un « échange de bons procédés », selon le patron du Parti socialiste Olivier Faure. Mais pour faire quoi ? Mener quelle politique ? La question, pourtant centrale, est remise à plus tard.
Emmanuel Macron va désormais nommer un Premier ministre dans les heures à venir. C’est lui qui sera ensuite chargé d’ouvrir les négociations et de trouver les conditions de la stabilité avec les différents partis à l’Assemblée. « Il faut quelqu’un qui soit capable de tisser des compromis, de bien connaître le parlement, capable de faire dialoguer les gens ensemble », résume l’entourage d’Emmanuel Macron. En d’autres termes, « quelqu’un qui sera capable de déployer » la méthode de « non-censure » avancée par ses invités ce mardi.
Sera-t-il de droite ? Du centre ? De gauche ? Si la troisième option ne semble pas réellement sur la table, le flou demeure quant au profil politique du prochain locataire de Matignon. Le président de la République a simplement précisé aux partis qu’il chargerait le futur nommé d’ouvrir des négociations pour aboutir à « trois plateformes » d’idées et propositions.
La première sera « gouvernementale », et donc soutenue par les forces qui font le choix de rejoindre l’exécutif. La deuxième sera « législative », pour lier entre eux tous ceux qui veulent faire passer des textes communs, sur le budget ou autre. Enfin, la troisième sera la plateforme de « non-censure », pour rassembler des partis opposés au gouvernement, mais qui ne veulent pas le renverser. Le plus dur n’a pas encore commencé.
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