Emmanuel Macron à Jérusalem : comment fonctionnent les territoires étrangers en Israël ?

Lors d'un déplacement à Jérusalem, Emmanuel Macron a eu une altercation avec la sécurité israélienne, à cause de son comportement dans une église qui est une enclave française.
Lors d'un déplacement à Jérusalem, Emmanuel Macron a eu une altercation avec la sécurité israélienne, à cause de son comportement dans une église qui est une enclave française.

En déplacement à Jérusalem, Emmanuel Macron a eu une altercation avec des policiers israéliens. La raison : leur présence dans une église qui est un territoire français.

Alors qu’il était présent à Jérusalem à l’occasion du Forum mondial de l’holocauste, Emmanuel Macron a eu une altercation avec les policiers israéliens, ce mercredi 22 janvier. Le président de la République, qui se rendait à l’église Sainte-Anne, souhaitait que les forces de sécurité sortent de ce lieu qui est une enclave française. Une scène très similaire à celle déjà vécue par Jacques Chirac en 1996.

En tout, la France possède quatre territoires dans cette zone du Moyen-Orient, essentiellement à Jérusalem. Il s’agit là d’un “héritage historique, puisque la France était traditionnellement protectrice des Chrétiens en Terre Sainte”, décrypte Frédérique Schillo, historienne spécialiste d’Israël, co-auteure de Dans les archives du Quai d’Orsay.

Un héritage historique

Ces propriétés datent initialement du XVIe siècle, avec les capitulations de Soliman le magnifique. “Ensuite, la France a perdu la protection officielle des lieux saints au moment du mandat britannique, à partir de 1917”, relate Frédérique Schillo, avant que les accords Chauvel-Fischer de 1949 n’instaurent à nouveau la reconnaissance de la protection de la France sur ces établissements.

Quatre lieux sont donc actuellement concernés : le domaine de l’église Sainte-Anne, d’abord - où s’est déroulée l’altercation - qui a été offert à Napoléon III. L’Éléona, un cloître acheté au XIXe siècle, que le propriétaire a cédé à la République française. Le monastère d’Abou Gosh, qui se situe à l’entrée de Jérusalem, est un don de l’empire Ottoman à la France. Dernier domaine nationale tricolore : le Tombeau des Rois. “Il a été acheté au XIXe siècle par les frères Péreire”, comme nous le raconte l’historienne Frédérique Schillo, et a été légué à la République française.

Mais ce dernier lieu fait actuellement l’objet d’un contentieux, une partie des Israéliens souhaitant qu’il leur revienne. Si cette possession est vue comme une anomalie par certains, elle représente “une fierté, un héritage historique, la mémoire de la présence française à la fois consulaire, politique, religieuse et scientifique à Jérusalem”, commente Frédérique Schillo. Lors de son altercation du mercredi 22 janvier, Emmanuel Macron a d’ailleurs affirmé : “Respectez les règles telles qu’elles sont depuis des siècles, elles ne changeront pas avec moi, je peux vous l’assurer”. Signe qu’il n’est pas prêt à abandonner ces propriétés.

Un territoire français avec ses règles

Si le chef de l’État s’est énervé, c’est en raison de la présence des policiers et des services de sécurité israéliens. “Ces lieux sont des enclaves françaises, un territoire français, au même titre que peut l’être le consulat ou l’ambassade de France”, détaille la spécialiste. Donc les forces de l’ordre d’un autre pays n’ont pas le droit de s’y trouver.

À LIRE AUSSI >> VIDÉO - Le coup de colère d'Emmanuel Macron contre la police israélienne à Jérusalem

La France est le seul pays à avoir ce type d’extraterritorialités en Israël, selon Frédérique Schollé, mais l’Église dispose aussi de ce type d’avantages. C’est le cas du “patriarcat latin et du patriarcat grec orthodoxe”, énumère-t-elle. Ils possèdent “non seulement des églises et des couvents, mais aussi des bâtiments publics, des maisons ou encore des hôtels” dans la ville sainte.

La Russie pourrait bientôt devenir la deuxième nation à avoir des propriétés en Israël. “Vladimir Poutine aimerait bien récupérer les établissements de la Mission orthodoxe russe à Jérusalem - qui avaient été vendus par l’URSS à Israël en 1964”, assure l’historienne. D’ailleurs, l’affaire pourrait déjà être en cours de discussion entre les deux chefs d’État concernés, “dans le cadre de la grâce d’une jeune Israélienne actuellement détenue en Russie”, avance la spécialiste. Un arrangement qui pourrait ne pas plaire à tout le monde.

Ce contenu peut également vous intéresser :