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Macron défend ses cinq premiers mois de quinquennat

"Je continuerai à dire les choses" : Emmanuel Macron a défendu dimanche soir ses cinq premiers mois de quinquennat, marqués par des déclarations controversées et des réformes perçues par une partie de l'opinion et de l'opposition comme favorables aux plus aisés. /Photo prise le 15 octobre 2017/REUTERS/Philippe Wojazer

PARIS (Reuters) - "Je continuerai à dire les choses" : Emmanuel Macron a défendu dimanche soir ses cinq premiers mois de quinquennat, marqués par des déclarations controversées et des réformes perçues par une partie de l'opinion et de l'opposition comme favorables aux plus aisés.

Pour sa première grande interview télévisée depuis son élection en mai, le chef de l'Etat, dont la cote de popularité a chuté de 15 points en moyenne entre juin et octobre, s'est employé à expliquer ses réformes et à déminer les critiques qui se sont exprimées, notamment sur son style de présidence.

"Il y aura toujours des résistances, il y aura toujours des commentaires", a-t-il estimé, assis dans son bureau de travail à l'Elysée avec vue sur le jardin, face à trois journalistes de TF1 et LCI.

"Je continuerai à mener l'action déterminée de refondation que j'ai commencé à lancer", a-t-il ajouté, trois semaines après avoir signé les ordonnances réformant le Code du travail et trois jours après avoir lancé son nouveau chantier social.

"Et à l'international, je continuerai au même rythme et avec la même détermination", a-t-il poursuivi.

Le chef de l'Etat de 39 ans, qui s'est hissé au pouvoir aux dépens des partis politiques traditionnels en promettant une transformation profonde du pays, a défendu sa liberté de ton, face à l'émoi suscité par ses récents propos sur le "bordel" ou "les fainéants".

"J'ai toujours essayé de dire les choses depuis que je suis engagé dans la vie politique et de m'approcher d'une forme de vérité, celle que je pensais juste", a-t-il dit, rappelant au passage des propos sur l'"illettrisme" d'ouvrières, en 2014.

"Nos élites politiques ne sont plus habituées à dire les choses, à avoir un discours en quelque sorte aseptisé et à considérer que ce qui était intolérable, c'était le mot qu'on mettait et pas la réalité qu'il y avait derrière".

"JALOUSIE DE LA RÉUSSITE"

Dans le sillage de la présentation du projet de budget pour 2018, le couple exécutif a également dû endiguer les critiques grandissantes sur une présumée "présidence des riches".

Selon un sondage Odoxa publié jeudi, les Français estiment à une écrasante majorité (82%) que la politique fiscale du gouvernement avantage surtout les foyers les plus riches.

Face à l'émoi suscité notamment à gauche sur la baisse de l'aide publique au logement (APL), la réduction des emplois aidés et la suppression de l'impôt sur la fortune (ISF), Emmanuel Macron a assuré que sa politique "ambitieuse" ne s'adressait pas qu'à "la France où tout va bien".

"Le projet de société sur lequel j'ai été élu, c'est cette transformation radicale pour que chacun trouve sa place dans la société", a-t-il dit.

"Je veux qu'en même temps qu'on libère on protège", a-t-il ajouté, annonçant pour dans les prochains semaines des annonces "ambitieuses" en matière de pouvoir d'achat des étudiants.

"Je n'aime pas la jalousie qui consiste à dire 'ceux qui réussissent on va les taxer, les massacrer parce qu'on ne les aime pas'", a-t-il ajouté.

"Je ne crois pas au ruissellement, mais je crois à la cordée", a-t-il aussi déclaré. "Si on commence à jeter des cailloux sur les premiers de cordée, c'est toute la cordée qui dégringole."

A l'heure du lancement du deuxième chantier social du quinquennat - réforme de la formation professionnelle, apprentissage et assurance chômage -, le chef de l'Etat a estimé que les réformes menées par le gouvernement porteraient leurs fruits "dans un an et demi, deux ans".

L'entretien, qui a duré un peu plus d'une heure, est le premier accordé en direct à la télévision française depuis son élection.

Emmanuel Macron, qui ne s'est pas plié à la traditionnelle interview du 14-juillet, a toutefois accordé quelques interviews à la presse écrite, française et européenne.

"J'ai pris la décision de ne pas avoir une présidence bavarde, de ne pas parler tout le temps, parce qu'il faut que la parole présidentielle garde de la solennité", a-t-il dit dimanche. "Quand le temps est venu, nous le faisons."

(Marine Pennetier, avec Elizabeth Pineau et Simon Carraud, édité par Elizabeth Pineau)