Macron cherche un nouveau Premier ministre: ce qu'il faut attendre des consultations menées ce vendredi
Les mois se suivent et se ressemblent. Début septembre, Emmanuel Macron consultait les forces politiques pour trouver un successeur à Gabriel Attal. Ce vendredi 6 décembre, le président de la République va une nouvelle fois recevoir les chefs de plusieurs partis et les présidents de plusieurs groupes parlementaires.
Mais cette fois, le périmètre sera resserré aux formations de son camp (Horizons, MoDem, Renaissance), au Parti socialiste et à La Droite républicaine (Les Républicains, NDLR).
L'objectif a été annoncé lors d'une allocution ce jeudi au lendemain du vote historique d'une motion de censure contre Michel Barnier: "dans les prochains jours", nommer un Premier ministre.
Il sera chargé de former un "gouvernement d’intérêt général représentant toutes les forces politiques d'un arc de gouvernement, qui puissent y participer ou à tout le moins qui s’engagent à ne pas le censurer".
Une priorité: éviter toute motion de censure
L'équation est simple: pour qu'un gouvernement soit viable, 288 députés doivent s'engager à ne pas voter une motion de censure. Pour Les Républicains et les macronistes, qui soutenaient Michel Barnier, il est donc nécessaire de convaincre 78 autres élus.
À commencer peut-être par les 66 socialistes? Le patron du PS Olivier Faure et les présidents de groupe à l'Assemblée nationale et au Sénat Boris Vallaud et Patrick Kanner seront reçus dans la matinée par Emmanuel Macron à l'Élysée.
Mais le PS "n'est pas à vendre", a promis tard dans la nuit Olivier Faure. Les socialistes veulent "la gauche à Matignon" et "le front républicain à l’Assemblée nationale", mettait en garde Boris Vallaud.
Dans le cas d'un accord PS-bloc central (ce qui est loin d'être garanti à ce stade, tant les divergences de programmes sont importantes, NDLR), Les Républicains resteraient-ils dans le navire? "Même Bernard Cazeneuve, je ne suis pas sûr que ça ne ferait pas perdre une partie de la Droite républicaine", glissait un proche d'Emmanuel Macron à BFMTV en début de semaine. "Ça aurait peut-être pu marcher en septembre, là, j'en doute".
LFI prêt à "soutenir" un Premier ministre, en fonction du programme
Reste que, mathématiquement, une personnalité issue de la gauche à Matignon pourrait éviter une censure automatique. Car LFI, qui ne sera pas consultée par Emmanuel Macron ce vendredi et dont la participation à un gouvernement semble plus qu'exclue, a légèrement fait évoluer sa position.
"Si le prochain Premier ministre applique les mesures pour lesquelles nous avons été élus, comme l'abrogation de la retraite à 64 ans ou la hausse du SMIC, nous le soutiendrons. Sinon, nous le combattrons", a résumé Jean-Luc Mélenchon sur TF1 ce jeudi. Plus question donc "d'appliquer tout le programme, rien que le programme". D'autant que Lucie Castets, nom avancé ces derniers mois par les insoumis, n'envisage plus une nomination à Matignon.
"Un arc de gouvernement" ou "accord de non-censure" entre Renaissance, Droite républicaine, Modem et Horizons d'un côté, et PS, EELV et PCF de l'autre pourrait compter sur 331 députés. En cas de retrait des Républicains, cet arc serait composé de 284 élus. Il pourrait toutefois être soutenu sans participation par les 71 élus LFI et avoir une vraie fausse majorité plus large: 355 élus.
Le RN met la pression sur Macron
En revanche, sauf accord de non-censure avec le RN et ses alliés, difficile pour le "socle commun" de s'élargir vers la droite. Car le RN promet une censure si "un socialiste" ou tout membre d'un parti de gauche devient ministre, placé à Matignon ou non.
"Tout ce qui est à gauche et à l'extrême gauche de l'échiquier politique, s'ils sont nommés, ce sera une censure de notre part", a déclaré le député européen Matthieu Valet sur BFMTV.
"On veut un Premier ministre patriote, qui n'est pas issu de la gauche et qui ne fait pas de numéros de claquette avec nous", martèle-t-il.
Gabriel Attal, Élisabeth Borne et les députés du "bloc central" se retrouvent donc face au même problème qu'au lendemain des élections législatives. "Préférez-vous être tenus en laisse par les maîtres chanteurs du Rassemblement national ou rentrer dans une discussion exigeante avec la gauche?", leur demandait ce jeudi le président du groupe PS à l'Assemblée nationale Boris Vallaud.