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Macron cherche des alliés à l'Est pour durcir le travail détaché

Emmanuel Macron tentera de mercredi à vendredi de rallier les dirigeants tchèques, slovaques, roumains et bulgares à sa volonté de durcir les règles encadrant le travail détaché en Europe, une de ses promesses de campagne emblématiques. /Photo prise le 3 août 2017/REUTERS/Philippe Wojazer

PARIS (Reuters) - Emmanuel Macron tentera de mercredi à vendredi de rallier les dirigeants tchèques, slovaques, roumains et bulgares à sa volonté de durcir les règles encadrant le travail détaché en Europe, une de ses promesses de campagne emblématiques. La France a quelques semaines pour trouver des compromis avec les pays opposés à la révision de cette directive, avant une nouvelle proposition de la présidence estonienne de l'Union européenne en septembre. Une réunion sur ce thème est prévue fin octobre. La Commission européenne et plusieurs Etats membres souhaitent qu'elle soit conclusive. Le président français arrivera mercredi à Salzbourg où il s'entretiendra avec le chancelier autrichien, Christian Kern, et les Premiers ministres tchèque et slovaque, Bohuslav Sobotka et Robert Fico. Il rencontrera jeudi à Bucarest le président et le Premier ministre roumains, Klaus Werner Iohannis et Mihai Tudose, et s'envolera dans la soirée pour Varna (Bulgarie), où il s'entretiendra vendredi avec le président et le Premier ministre, Roumen Radev et Boïko Borissov. L'Elysée nie toute volonté d'écarter la Pologne et la Hongrie, pays avec lesquels les désaccords sont les plus importants sur de nombreux sujets. Mais on souligne de même source que les quatre pays d'Europe centrale et orientale avec lesquels le président français dialoguera "jouent le jeu européen de manière très active". Emmanuel Macron veut convaincre ses homologues que les abus liés au travail détaché ne sont pas qu'un problème économique mais également politique. UN "POISON" POUR L'EUROPE "C'est quelque chose qui peut véritablement empoisonner l'idée européenne", déclare-t-on à l'Elysée. "Quand cette concurrence n'est pas organisée, n'est pas régulée, il y a un retour de bâton très rapide", ajoute-t-on, en soulignant que ce problème a contribué au choix d'une majorité des Britanniques de quitter l'Union européenne. La France a rejeté en juin le projet de révision de la directive car il n'allait, selon elle, pas assez loin. Paris souhaite limiter la durée du travail détaché à 12 mois, contre deux ans aujourd'hui, et prendre toute les périodes de travail détaché en compte dans ce calcul. La France veut aussi s'assurer que les travailleurs détachés perçoivent tous les éléments de rémunération obligatoires dans le pays d'accueil. Elle souhaite en outre renforcer la lutte contre la fraude et les abus, avec des sanctions effectives, alors qu'"aujourd’hui, elles sont largement facultatives". Des négociations sur des règles spécifiques pour le transport routier, sur lesquelles l'Espagne et le Portugal sont particulièrement vigilants, auront lieu dans un second temps. Mais la France souhaite établir que l’encadrement du travail détaché concerne également ce secteur. Les négociateurs français savent que leur position ne sera pas adoptée telle quelle par les ministres de l'Emploi lors de leur réunion du 23 octobre. Mais ils espèrent "le maximum de rapprochements". Selon plusieurs sources, les dirigeants tchèques et slovaques espèrent quant à eux qu'un compromis permettra de faire aboutir les négociations sur le travail détaché, tout en relâchant la pression sur l'épineuse question des quotas de réfugiés. L'évolution des politiques européennes face aux migrations sera au coeur des discussions avec ces pays, qui porteront aussi avec certains d'entre eux sur la politique de Défense, l'espace Schengen ou l'Union économique et monétaire. (Jean-Baptiste Vey, avec Jan Lopatka et Tatiana Jancarikova à Prague, édité par Emmanuel Jarry)