Macron change de Premier ministre et prend son risque

Un Gascon à Matignon, titre fièrement La Dépêche du Midi ce samedi en évoquant la nomination de Jean Castex à la place du Normand Edouard Philippe. L’analyse de la politologue Chloé Morin.

La France a désormais un nouveau Premier ministre. Depuis hier soir, chacun googlise « Jean Castex » avec intérêt. Et surtout, chacun se demande : pourquoi un nouveau Premier ministre ? Car enfin, deux points semblent acquis : le premier, c’est la popularité et la loyauté d’Edouard Philippe vis-à-vis d’Emmanuel Macron. Le second, c’est l’absence de « tournant » politique – Emmanuel Macron a esquissé vendredi matin un « nouveau chemin » qui ne ressemble ni à un virage à gauche, ni à un reniement.

Dès lors, pourquoi se passer de Philippe ? Quel sens donner à ce divorce, dont on sent bien les efforts déployés du côté de l’Elysée pour démontrer qu’il se fit dans les meilleurs termes possibles ? Et jusqu’à sous-entendre, chose assez incroyable, que le Président aurait pu proposer à Philippe de lui céder sa place pour 2022 s’il n’était pas en situation ? De quoi aiguiser, sinon les ambitions d’un Philippe qui n’a pas l’air d’en avoir, du moins les appétits des anti-macronistes de tous bords, voyant que le Président pourrait renoncer… Mais passons.

Alors pourquoi se débarrasser de Philippe ? Pas pour incarner un « tournant » politique. L’on a eu beau dire qu’il serait « insuffisamment écolo », laisser entendre qu’il était trop attaché à la rigueur budgétaire, ou qu’il est « trop rigide » - ses proches arguent de son refus du vote sur le déconfinement - il est difficile pour l’Elysée de faire en même temps l’éloge d’un duo qui aurait fonctionné sans anicroches, pour flatter un potentiel futur concurrent pour 2022, et le critiquer en même temps…

Pas non plus, donc, en raison d’un désaccord de « personnes », d’une question de tempéraments. D’ailleurs, depuis 2 jours, les proches de Macron font assaut d’amabilités vis-à-vis de(...)


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