Macron accusé de vouloir rendre l'université payante avec sa réforme "systémique"

Les gauches rejettent en bloc l'idée d'Emmanuel Macron selon laquelle l'université "sans aucun prix" n'est pas tenable.

UNIVERSITÉS - Au lendemain des annonces du président sur sa volonté d’une réforme “systémique” des universités françaises, la pilule ne passe pas à gauche. Exposée ce jeudi 13 janvier par Emmanuel Macron, cette réforme “systémique” aura notamment pour but de rendre les universités plus “professionnalisantes”, pour mettre fin à un système actuel qu’il juge “révolu”.

Le chef de l’État s’est également exprimé sur l’“intolérable gâchis” de l’échec en première année à l’université, où “seuls 50% des étudiants se présentent aux examens”, malgré l’injection de nouveaux moyens et la création de 84.000 places. Pour y remédier, Emmanuel propose de se débarrasser d’un système d’études supérieures au taux d’échec massif et “sans aucun prix pour la quasi-totalité des étudiants”.

“On ne pourra pas rester durablement dans un système où l’enseignement supérieur n’a aucun prix pour la quasi-totalité des étudiants, où un tiers des étudiants sont considérés comme boursiers et où pourtant nous avons tant de précarité étudiante, et une difficulté à financer un modèle beaucoup plus financé par l’argent public que partout dans le monde”, a-t-il exprimé.

“Je dis les choses avec la clarté et la franchise que vous me connaissez” car “si nous ne réglons pas ces problèmes structurels, nous nous mentirions à nous-mêmes”, a ainsi déclaré Emmanuel Macron.

Une gauche, cette fois, soudée

Depuis ces déclarations faites lors du Congrès de la Conférence des présidents d’universités, les propos tenus par le président de la République laissent perplexe. Certains pensent que le président, pas encore officiellement candidat à sa réélection en 2022, envisage de rendre l’université payante, sous couvert de l’argument d’une trop grande précarité chez les étudiants. Surtout à gauche, où ça ne passe pas.

Pour Ian Brossat, directeur de campagne du candidat communiste Fabien Roussel, les annonces d’Emmanuel Macron sont une “avalanche de mots et de moulinets avec les bras pour au final proposer une université... payante”. Le tout, selon lui, au nom de la lutte “contre la précarité étudiante”.

Un non-sens pour Fabien Roussel également qui compare l’idée au modèle universitaire aux États-Unis: “La fac réservée aux gosses de riches, c’est le modèle américain”. Le candidat du PCF ajoute que la France a “besoin d’élever le niveau de formation et de qualification de toute la génération qui vient”.

Même son de cloche pour Alexis Corbière sur le plateau de CNews ce vendredi 14 janvier. Le porte-parole de Jean-Luc Mélenchon a répondu à la logique prônée la veille par Emmanuel Macron selon laquelle il fallait rendre l’université payante pour la rendre plus sélective.

“Si vous faites payer l’université vous créez nécessairement une barrière, ou alors vous endettez des étudiants” a-t-il réagi avant d’ajouter sur Twitter qu’il refuse “un système à l’américaine avec des dettes étudiantes insoutenables” et “la mise en place d’une sélection par l’argent dans l’enseignement supérieur”.

Pour Gabrielle Siry-Houari, maire-adjointe du 18e arrondissement de Paris et porte-parole du Parti socialiste, “cette volonté du Président de détruire tout ce qui fait le système français est véritablement déprimante”.

Une forme d’union sacrée de la gauche, alors que de l’autre côté de l’échiquier, les réactions étaient plutôt discrètes ou inexistantes après les déclarations du président.

Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

VIDÉO - "Emmerder les non-vaccinés" : Brigitte Macron réagit aux propos choc de son mari Emmanuel Macron

undefinedundefined