La Macédoine du Nord affirme que l'adhésion à l'UE revient à "attendre Godot"
La candidature de la Macédoine du Nord à l'Union européenne menacée à cause d'un nouveau différend entre Skopje et Sofia. Alors que Bruxelles renouvelle les négociations d'adhésion avec plusieurs pays des Balkans occidentaux, la Bulgarie exige de Skopje la reconaissance de la minorité bulgare "comme le principal élément de construction de l’État de son pays", et son inscription dans la constitution.
Une demande acceptée par le précédent gouvernement nord-macédonien mais celui-ci ne disposait pas de la majorité parlementaire nécessaire pour effectuer ce changement. Le nouveau Premier ministre conservateur, Hristijan Mickoski, entré en fonction en juin 2024, accuse désormais l'Union européenne de "dicter" ce que son pays devrait faire et a déclaré qu'il n'accepterait aucun nouveau retard dans les négociations. Il a ajouté qu'il ne modifierait la constitution que si la Bulgarie approuvait d'abord l'adhésion de la Macédoine du Nord à l'Union européenne.
Ce jeudi pourtant, les ambassadeurs des États de l’Union européenne ont décidé de découpler les négocations d'adhésion avec Skopje de celles des autres pays en raison du veto bulgare. Jusqu'à présent, les deux candidatures avaient progressé de concert.
Face à cette annonce, dans son discours à l'Assemblée générale de l'ONU, la présidente de la Macédoine du Nord a déclaré que le chemin vers l'adhésion à l'UE était comme "attendre Godot".
L'UE a entamé des négociations d'adhésion avec la Macédoine du Nord et l'Albanie en 2022, la guerre en Ukraine ayant obligé à repenser le processus d'élargissement de l'Union européenne. Ces pays sont devenus candidats à l'UE il y a vingt ans, mais leurs négociations d'adhésion n'ont jamais commencé.
La Grèce a également bloqué les négociations pendant des années en raison d'une dispute sur l'histoire et le patrimoine. Ce conflit a été réglé en 2018 après que la Macédoine du Nord ait changé de nom - de Macédoine au nom actuel.
Venko Filipche, chef de file des sociaux-démocrates, principal parti d'opposition, a accusé le gouvernement de M. Mickoski d'être à l'origine de ce nouveau revers. "C'est un énorme désastre pour l'avenir des citoyens", a-t-il déclaré. "C'est une occasion manquée qui affectera de nombreuses familles et toute une nouvelle génération."