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"Le métier d'assistant sexuel s'assimile à de la prostitution"

En Suisse, une formation d'assitant sexuel pour personnes handicapées existe depuis 2009. Les explications de Catherine Agthe-Diserens, directrice de l'association Sexualité et handicap personnel. =Qu'est-ce qu'un assistant sexuel?= C'est une personne qui ravive le bien-être sexuel et érotique des personnes handicapées. Ça passe par un corps-à-corps qui va au-delà d'un simple massage: jeux de sensations physiques, caresses, masturbation... Parfois, l'assistant peut même aller jusqu'à la pénétration mais ce n'est pas sa mission première. Pour instaurer un climat apaisant et de confiance, l'assistant sexuel utilise de la musique d'ambiance, des bougies ou encore des huiles. Ce "service" est rémunéré 150 euros, quelle que soit la nature de la prestation fournie. =Votre association, Sexualité et handicap personnel (Seph), propose une formation d'assistant sexuel... = Oui, notre collectif a mis en place cette formation en 2009 pour répondre de manière concrète aux besoins affectifs et sexuels des personnes en situation de handicap. L'apprentissage, qui dure un an, comprend des cours de sexologie et d'habileté érotique, ainsi que des enseignements sur les handicaps physiques et mentaux. Il est dispensé par des spécialistes ou des prostitués. =Est-ce de la prostitution? = L'assistant sexuel donne du plaisir contre rémunération. On peut donc assimiler cette fonction à de la prostitution. Mais chaque employé pratique cette activité sur la base du volontariat. Cette personne est à son compte et non sous le joug d'une organisation proxénètique. Autre condition sine qua none pour devenir assistant sexuel: avoir une activité - à temps plein ou partiel - rémunérée en parallèle. =Pensez-vous que l'activité d'assistant sexuel puisse se développer en France?= Ce qui fonctionne en Suisse n'est pas forcément adapté à la France... La culture française, par exemple, est plus traditionnelle et conservatrice que la culture helvétique. Le poids des féministes est notamment considérable en France: les associations verraient probablement d'un mauvais oeil le travail d'assistants sexuels et dénonceraient une exploitation du corps des femmes. Le cadre juridique est également un obstacle: en Suisse, la prositution est légale alors qu'elle ne l'est pas en France. Tout changement visant à légaliser les assistants sexuels en France risque de prendre du temps! =Dans Le Parisien, "Pascal" affirme pourtant être assistant sexuel... = L'histoire de "Pascal", qui pratique l'activité d'assistant sexuel sans rémunération et en attente de la légalisation de cette fonction en France, est un cas isolé. En effet, il est difficile de pratiquer l'assistanat sexuel dans le dos de tout le monde: ça nécessite un encadrement et un savoir-faire. De plus, les risques juridiques sont trop nombreux.