Météo et chaleurs : Nice connaît un record de « nuits tropicales » et ça n’a rien d’un hasard
Depuis le 6 juillet, le thermomètre ne passe pas sous les 20° Celsius la nuit à Nice : un record, mais pas une surprise.
CLIMAT - Il y a plusieurs manières de vivre un été pourri : celle des Niçois, assommés par une vague de chaleur qui n’en finit pas, a quelque chose d’inévitable. Le chef-lieu des Alpes-Maritimes, depuis la mi-juillet, souffre comme tout le département de « nuits tropicales » et de températures de journée qui dépassent les normales saisonnières, au point de battre un record.
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Si l’on se fie aux capteurs météo de l’aéroport de Nice, c’est le deuxième mois d’août le plus chaud pour la ville depuis 1959, date du début des mesures. Le champion indétrôné pour le moment, demeure le tristement célèbre été 2003, où la canicule avait fait plus de 15.000 morts en France.
Que sont ces fameuses « nuits tropicales » ? Le terme n’a rien de scientifique, précise Météo France, mais il a l’avantage d’être illustrant pour désigner des températures nocturnes qui ne descendent pas sous les 20 ° Celsius.
Une nuit, ça va. Une soixantaine de nuits consécutives, comme c’est le cas depuis le 6 juillet, c’est beaucoup trop. D’autant que les températures moyennes continuent d’augmenter : dimanche 1er septembre, il faisait déjà plus de 25 ° à Nice, à 5 heures du matin.
Derrière ce thermomètre chauffé à blanc, pas de mystère, mais la combinaison de deux facteurs, comme le rapporte France 3 régions. D’abord, un déficit en pluie depuis des mois, qui ne permet pas au sol de rafraîchir l’atmosphère une fois le soleil couché. Ajoutez à cela un taux d’humidité dans l’air particulièrement élevé (plus de 70 % parfois), et l’inconfort est maximal. Dans un été plutôt doux, Nice et sa région font donc figure d’exception… Ou plutôt de mise en garde.
Des nuits tropicales partout dans la France de demain
Il suffit pour s’en convaincre de parcourir le Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC) de 2018, ou plus récemment la trajectoire de réchauffement de référence pour l’adaptation au changement climatique (TRACC) de 2023, tous deux commandités par le ministère de la Transition écologique pour anticiper au mieux le climat à venir.
Dans une France à +4 ° en 2100 par rapport à l’ère préindustrielle (à la fois le pire et le plus « réaliste » des scénarios), le TRACC prévoit ainsi « 40 à 50 nuits tropicales par an » sur le territoire, et même « 90 dans les zones les plus exposées ». Et si la cité de la Baie des Anges est à ce douloureux avant-poste, cela n’a rien d’un hasard.
Le pourtour méditerranéen subit en effet la dynamique du réchauffement plus vite que le reste du continent européen, alertait ainsi la Commission Européenne en février 2024. Un constat précisé, dans l’hexagone, par les analyses de l’INSEE, qui dressent un tableau rouge sombre tableau des années à venir pour toute la façade sud-est du pays, contre orange partout ailleurs.
Ce qui désavantage la région, c’est qu’elle se réchauffe plus rapidement que le reste de la planète, et devient ce que nombre de climatologues appellent un « hotspot ». Avec ce réchauffement qui touche la mer elle-même (le 25 juillet 2023, la Méditerranée battait un record à 28,7 ° de température moyenne), vient la baisse des précipitations. Selon les estimations précises du GIEC, un degré d’augmentation des températures annuelles équivaut à 4 % de baisse de la quantité de pluie.
Et qui dit baisse des pluies, dit encore plus de nuits tropicales. Voilà comment, sans faire exception à une France (et une planète) en plein réchauffement, la situation dans les Alpes-Maritimes présage tout simplement de ce que subira le reste du territoire d’ici à la fin du siècle. Voici pourquoi l’adaptation à l’élévation des températures y est encore plus urgente qu’ailleurs.
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