La mémoire des pollens enfouis sous l’océan

L’étude des pollens permet de reconstituer les écosystèmes du passé et livre également des informations indispensables à la compréhension de l’évolution des climats.

Cet article est issu du magazine Les Indispensables de Sciences et Avenir n°215 daté octobre/ décembre 2023.

À quoi ressemblait la vie sur Terre il y a 140.000 ans ? "L’identification des pollens contenus dans les strates des sédiments marins permet aux palynologues (spécialistes du pollen, ndlr) de reconstituer parfaitement les écosystèmes du passé", explique Sébastien Zaragosi, sédimentologue à l’Université de Bordeaux. Un travail fastidieux : "Sur une zone d’études, on va prélever en moyenne 20 carottes de 50 mètres par forage sous-marin, en utilisant un carottier de 7 tonnes."

Une reconstruction de la végétation de la vallée de la Loire

La paléoclimatologue Maria Sanchez Goni, professeure à l’Université de Bordeaux, a étudié un enregistrement des 140.000 dernières années, prélevé par 4.000 mètres de fond dans le golfe de Gascogne, à 200 kilomètres des côtes françaises. Les pollens sont extraits du sédiment à l’aide d’acide chlorhydrique et fixés sur des lames pour être observés au microscope. Elle a pu reconstituer la végétation de la vallée de la Loire, dont les pollens ont été apportés au large par les alluvions. "Il y avait là une forêt tempérée semblable à celle d’aujourd’hui, avec des chênes, des noisetiers, des tilleuls."

"De nombreuses productions du Giec sont basées sur ces données"

L’étude des pollens livre également des informations indispensables à la compréhension de l’évolution des climats. "On peut remonter sur deux millions d’années, précise Sébastien Zaragosi. De nombreuses productions du Giec sont basées sur ces données, en parallèle de
celles issues de la fonte du permafrost.
"

Ainsi, cet enregistrement permet de reconstituer la température et les précipitations de l’époque et confirme la présence d’un climat tempéré. L’analyse, commencée en 2005, n’est pas encore terminée. À raison d’un centimètre par jour, il faut compter pas moins de deux ans pour traiter l’information d’une seule colonne.

Par Valérie Handweiler

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