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Mélodies en sous-sol

Entre manie adolescente et passion érudite, rencontre avec quelques spécimens de cette faune étrange : les discophiles.

Les écrivains adorent se laisser tirer le portrait devant l’avantageuse bibliothèque de leur salon. Un moyen, peut-être, de rendre visible l’étendue de leur savoir. Et un effet qui sera difficile à obtenir avec les e-books. Les musiciens et les mélomanes n’ont pas ce problème. Même à l’époque triomphante du 33 tours, on n’a pas souvent vu poser Billie Holiday, Brian Jones ou Steve Reich entourés de disques. On ne craint pas d’exhiber sa collection de livres, mais on préfère rester discret avec sa collection de disques. Comment expliquer cette bizarrerie ? Lester Bangs, le saint patron de la critique de rock, déclarait jadis : «Mon fantasme enfantin le plus mémorable était d’avoir une demeure sous laquelle se trouvaient des catacombes contenant, classés par ordre alphabétique en d’interminables rangées sentant le renfermé, tortueuses, mal éclairées, tous les disques jamais sortis.»

La convoitise prépubère pour les microsillons aux mirifiques pochettes a toujours été vécue, par les intéressés eux-mêmes, comme un truc louche. Une amie de jeunesse, Sonia L., se souvient : «Adolescente, on m’offrait des livres. Les disques, je devais les acquérir moi-même en économisant sou à sou sur l’argent de poche, ou me résoudre à les voler.» Elle mentionne le nom de la boutique où elle se fournissait, Le Temple du disque, au bout de la piste cyclable à Villeneuve-d’Ascq. «J’y allais le mercredi et le samedi après-midi. On avait le droit d’écouter un ou deux albums. Seulement le premier morceau de chaque face. Le reste du temps, je contemplais les pochettes. Aladdin Sane, Raw Power, l’album des New York Dolls. C’étaient les nouveautés de 1973. A douze ans, jamais je n’aurais osé ramener pareils objets à la maison. Incidemment, dans ce magasin, j’étais presque toujours la seule fille.» Chez elle, où rangeait-elle ses disques ? «Dans un coffre. Je devais avoir (...) Lire la suite sur Liberation.fr

17-24 mars
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