Mélenchon veut constituer en France un "front populaire"

Le dirigeant de La France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon (au centre), a appelé dimanche de ses voeux la constitution en France d'un "front populaire" rassemblant forces syndicales, politiques et associatives dans le même "refus de la société libérale". /Photo prise le 5 mai 2018/REUTERS/Charles Platiau

PARIS (Reuters) - Le dirigeant de La France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, a appelé dimanche de ses voeux la constitution en France d'un "front populaire" rassemblant forces syndicales, politiques et associatives dans le même "refus de la société libérale".

Historiquement, le Front populaire est une coalition de partis de gauche, qui a gouverné la France de mai 1936 à avril 1938 et dont les importantes réformes sociales demeurent une des référence de l'histoire politique française.

Des formations politiques de gauche, dont LFI et le Parti communiste, et des syndicats comme la CGT, la FSU, Solidaires et l'organisation étudiante Unef, ont appelé à manifester le 26 mai dans toute la France, afin de constituer une "marée populaire" contre la politique du chef de l'Etat, Emmanuel Macron.

Invité du Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI, Jean-Luc Mélenchon a admis que la date et le nom de cette mobilisation lui avaient été soufflés par la CGT. Il a estimé que si le nombre total de manifestants atteignait deux millions, "ça serait bien".

Il ne s'agira pas seulement de défendre le statut des cheminots, remis en cause par le projet de réforme de la SNCF, ou plus largement celui des fonctionnaires, appelés par leurs syndicats à manifester le 22 mai, a-t-il souligné - une journée de mobilisation à laquelle il a aussi dit vouloir s'associer.

"Je milite pour une forme d'unité populaire qui décloisonne le syndicalisme, la politique et le monde associatif", a-t-il expliqué. "Nous avons besoin de faire une démonstration de la profondeur de l'enracinement du refus de la société libérale."

Le 26, "nous voulons obtenir que M. Macron comprenne qu'il faut en finir avec la réforme de la SNCF, du service public et de l'hôpital", a-t-il poursuivi. "J'ajoute (...) qu'à travers ce type de démarche (...) nous essayons de construire une majorité d'idée, de programme entre des forces sociales et politiques."

"Nous pouvons, sur la base d'expériences de cette nature, avoir pour objectif la construction d'un front populaire en France, qu'on appellera sans doute le Front populaire", a ajouté Jean-Luc Mélenchon.

UN RÉFÉRENDUM À LA SNCF

Le député LFI et ancien candidat à l'élection présidentielle s'est au demeurant prononcé pour l'organisation par la direction de la SNCF d'un référendum sur la réforme ferroviaire, comme celui qui a abouti à la démission du PDG d'Air France.

Jean-Marc Janaillac avait soumis à un vote des salariés de la compagnie aérienne un projet d'accord salarial, pensant ainsi contrer le mouvement de revendication des syndicats du personnel, dont ceux des pilotes.

"La direction de la SNCF devrait organiser un référendum (...) comme on le fait en démocratie. Ils verraient", a déclaré Jean-Luc Mélenchon. "Il y a déjà un gros malin qui a fait ça à Air France, qui était persuadé qu'il connaissait son monde, qu'il avait tout bien compris."

"Il s'est pris une pelle, bien fait pour lui. Mais lui, au moins, il est parti. Tandis que les autres ne partent pas, notamment celui qui, aujourd'hui, dirige la SNCF, qui a quand même quelques grosses responsabilités dans le désastre industriel de cette entreprise", a-t-il ajouté en faisant allusion à Guillaume Pepy.

Il s'en est également pris à la ministre des Transports, Elisabeth Borne, "qui était déjà conseillère transports du temps de (Lionel) Jospin", le Premier ministre socialiste (1997-2002) dont Jean-Luc Mélenchon a lui même été un ministre.

Le dirigeant de LFI a accusé Elisabeth Borne de nuire "depuis 20 ans de manière constante à ce service public" sans avoir jamais eu à rendre de comptes.

(Emmanuel Jarry)