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Mélenchon et «la rue»

Jean-Luc Mélenchon lors de la manifestation de La France insoumise, le 23 septembre à Paris.

On fait une mauvaise querelle à Jean-Luc Mélenchon en l’accusant d’avoir comparé l’exécutif macronien au régime nazi. L’orateur a d’ailleurs précisé les choses dès le lendemain de son discours, quand la polémique a commencé à monter en puissance. Le leader de La France insoumise répondait en fait à la phrase d’Emmanuel Macron prononcée un peu avant le défilé de samedi, sur CNN International, selon laquelle «la démocratie, ce n’est pas la rue».

Phrase ambiguë et contestable : si «la rue» ne saurait remplacer la représentation nationale régulièrement élue, le droit de manifester, qui fait partie des droits fondamentaux, a justement pour objet de compléter, d’amender ou de contredire par la manifestation la délégation générale consentie par les électeurs à leurs représentants. Les gouvernants peuvent en tenir compte, ou bien refuser de le faire, mais l’histoire montre que ce mode d’expression – consacré par la constitution – joue un rôle dans la conduite des affaires du pays.

La rue a ainsi fait reculer le gouvernement Juppé en 1995, de même que les manifestations de 1984 contre l’unification du système scolaire français ont contraint François Mitterrand à retirer son projet. Mélenchon a raison de rappeler que la rue a souvent exprimé dans l’histoire de France une protestation contre l’arbitraire ou bien présagé d’un changement politique – les barricades de la Fronde, les journées révolutionnaires, l’insurrection de 1830, de 1848… Toutes ne sont d’ailleurs pas progressistes, au rebours de ce qu’il a laissé entendre : les manifestations antisémites pendant l’affaire Dreyfus, ou bien le défilé-émeute du 6 février 1934.

En revanche l’énumération mélenchonienne est hautement incertaine et procède d’une maladresse d’expression évidente. En 1961 (et non 1962), les manifestations populaires ont joué un rôle tout à fait second dans l’échec du putsch des généraux d’Alger. C’est l’intervention télévisée du général de Gaulle qui a prononcé l’échec du «pronunciamento militaire», en (...)

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