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Mélenchon, Le Pen et les abstentionnistes / Macron et Zemmour: gagnants et perdants des législatives

Au lendemain du premier tour des législatives, voyons qui sont les gagnants et les perdants du scrutin.

LES GAGNANTS

  • Les abstentionnistes

Ils sont les grands vainqueurs du scrutin : ceux qui ne sont pas allés voter. Et pour cause. Ils sont majoritaires !
52,49% des inscrits ne se sont pas rendus aux urnes ce dimanche.
Du jamais vu pour un premier tour de législatives sous la Vème République.

Ce chiffre est en constante augmentation :

- 31,09% en 1993
- 35,58% en 2002
- 42,78% en 2012
- 51,30% en 2017

Ce dimanche, plus de 25 millions de Français ont donc choisi de ne pas aller voter, de profiter du beau temps, de jouer au foot, de se promener dans la nature, de se retrouver aux terrasses des cafés, de déjeuner chez papy et mamie, de regarder des séries sur Internet… en tout cas, de ne pas glisser un bulletin dans une urne pour désigner son/sa député(e).

Cela envoie un signal de défiance à la classe politique.
Cela altère la légitimité de celles et ceux qui seront élus à l’Assemblée nationale.

  • Jean-Luc Mélenchon

Le fondateur du parti La France Insoumise a réussi à occuper la scène politico-médiatique durant toute la campagne. Son appel aux électeurs pour le désigner Premier ministre a eu pour effet d’électriser la gauche en vue de ce scrutin.

Au soir du premier tour de la présidentielle, au regard de son score (21,95%), il revendiquait la place de leader de la gauche. Pour consolider cette place, il a initié la dynamique d’accord de la gauche avec les écologistes et les socialistes. Cela s’est concrétisé au sein de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes), une alliance dans laquelle La France Insoumise a un rôle central.

Au second tour, la Nupes sera présente dans 380 circonscriptions.

Les experts estiment que la gauche est en mesure de décrocher entre 150 et 190 sièges dans la prochaine assemblée.

Et dans ce scénario, le parti de Jean-Luc Mélenchon se taillerait la part du lion, avec une centaine de députés qui pourraient être élus (contre 17 en 2017).

Les Insoumis écrasent leurs partenaires de coalition. Les prévisions donnent aux socialistes et aux écologistes une grosse vingtaine de sièges chacun.

A titre personnel, Jean-Luc Mélenchon ne se représentait pas dans sa circonscription de Marseille. Il avait passé le relais à son ancien directeur de campagne pour la présidentielle, Manuel Bompard. Ce dernier a réussi à rassembler plus de 56% des suffrages au premier tour. Mais la trop faible participation ne lui permet pas d’être déclaré élu dès le premier tour.

  • Le Rassemblement national

Le parti de Marine Le Pen est en progression par rapport à 2017. A l’époque, la formation (qui s’appelait encore Front national) avait recueilli 13,2% des voix au premier tour.

Ce dimanche, avec 18,68% des suffrages, le parti d’extrême droite réalise une nette progression.

Et cela devrait se traduire en nombre de sièges à l’Assemblée nationale. Le RN présente des candidats dans plus de 200 circonscriptions, et peut prétendre décrocher entre 20 et 45 sièges (contre seulement 8 actuellement).

S’il dépasse le seuil de 15 députés, le parti peut se constituer en « groupe parlementaire », ce qui n’est plus arrivé, pour l’extrême droite, depuis 1986.

Autre illustration du succès de Rassemblement national : son poids électoral au niveau des communes. Comme lors de la présidentielle, le RN arrive en tête en nombre de communes. Selon un décompte de l'AFP, il en a conquis environ 11 300 sur près de 35 000, devant Ensemble! avec plus de 9 000, la Nupes (près de 7 500) et LR (environ 4 900).

L’implantation du RN s’opère surtout dans les zones rurales, dans les communes comptant moins de 1 000 habitants.

Enfin, signalons le score de Marine Le Pen. Elle a obtenu ce dimanche près de 54% des voix dans sa circonscription du Pas-de-Calais. Elle sera néanmoins obligée de passer par un second tour, en raison d’une participation insuffisante au premier tour.

LES PERDANTS

  • Emmanuel Macron

La majorité présidentielle est certes arrivée en tête du 1er tour, obtenant 25,75% des voix. Mais c’est en net recul comparé à 2017. Il y a 5 ans, La République en Marche et son allié le MoDem avaient obtenu 32% des suffrages.

Au vu des prévisions du second tour, le camp présidentiel risque de perdre des dizaines de sièges à l’Assemblée, par rapport à 2017.

Jusque-là, il disposait de 350 députés (sur un total de 577), soit une large majorité absolue.

Au terme du second tour, la coalition Ensemble ! serait en mesure de décrocher entre 260 et 300 sièges. Autrement dit, il n’est sûr que le seuil de la majorité absolue (289 sièges) soit atteint.

N’avoir qu’une majorité relative réduirait la marge de manœuvre du camp présidentiel, obligé alors de nouer des alliances avec d’autres formations politiques.

Enfonçant le clou, Jean-Luc Mélenchon a estimé ce dimanche soir que "pour la première fois de la Ve République, un président nouvellement élu (n’était pas parvenu) à réunir une majorité à l’élection législative qui a suivi". Il est vrai que l’assise électorale d’Emmanuel Macron se trouve aujourd’hui fragilisée.

Dernière illustration : le mauvais score obtenu par plusieurs figures du camp présidentiel :

Jean-Michel Blanquer, ex-ministre de l’Education nationale, éliminé dès le premier tour dans sa circonscription du Loiret.

Emmanuelle Wargon, ancienne ministre du Logement, battue dès le 1er tour dans sa circonscription du Val-de-Marne.

Manuel Valls, ex-Premier ministre et candidat de la majorité, sorti au premier tour dans la 5e circonscription des Français de l'étranger.

  • Eric Zemmour

Le parti créé par Eric Zemmour, Reconquête !, a obtenu ce dimanche 4,24% des voix au niveau national. C’est loin des objectifs affichés durant la campagne. C’est très loin, aussi, des 18,68% décrochés par le RN de Marine Le Pen.

Comme pour la présidentielle, Eric Zemmour est distancé par sa rivale à l’extrême droite de l’échiquier politique.

A titre personnel, l’ex-journaliste est éliminé dès le premier tour dans sa circonscription du Var.

Plusieurs autres cadres de Reconquête ! ont subi le même sort ce dimanche.