Mélenchon critiqué par Hollande et Glucksmann après son appel "à mettre des drapeaux palestiniens partout"
Le fondateur de La France insoumise (LFI) espère faire déployer des drapeaux de la Palestine à partir de ce mardi 8 octobre "partout où c'est possible". Le geste vise à soutenir la bande de Gaza et le Liban. François Hollande et Raphaël Glucksmann s'y opposent.
Un appel qui déplaît dans une partie de la gauche. Jean-Luc Mélenchon a demandé ce vendredi aux Français de "mettre des drapeaux palestiniens partout où c'est possible", à partir de ce mardi 8 octobre, au lendemain du jour du souvenir, un an après les attaques du Hamas en Israël.
Le leader de la France insoumise a lancé cette initiative après les mises en garde du ministre de l'Enseignement supérieur, Patrick Hetzel. Soucieux d'éviter d'éventuelles manifestations qui pourraient dégénérer sur des tensions avec des forces de l'ordre comme cela avait été le cas en mai dernier devant Sciences-Po Paris, le ministre a appelé au "maintien de l'ordre" pour éviter des actions qui vont, selon, lui, à "l'encontre des principes de neutralité et de laïcité".
"Je demande à la jeunesse étudiante de s'insoumettre"
"C'est un abus de pouvoir", a estimé de son côté Jean-Luc Mélenchon lors d'une réunion politique vendredi soir. Le ministre "dit que comme l'université est laïque, il ne faut pas parler de Gaza", mais "parler de géopolitique n'est pas attentatoire à la laïcité", a-t-il encore avancé.
"Je demande à la jeunesse étudiante de s'insoumettre, de ne pas accepter cet interdit", a poursuivi le fondateur des Insoumis, objectant qu'"à l'université, on parle d'adultes majeurs citoyens".
"Alors je recommande qu'à partir du 8 octobre, on mette des drapeaux palestiniens partout où on peut, de manière à ce que cette personne n'ait pas le dernier mot", avait-il encore ajouté, suggérant quelques minutes plus tard qu'on pourrait également "mettre" "le drapeau du Liban".
"Un phénomène de TikTokisation de la vie politique"
Depuis un an et les attaques sur son sol, l'armée israélienne bombarde sans relâche la bande de Gaza, afin de détruire le Hamas, responsable des attaques. La guerre à Gaza a fait plus de 41.600 morts et plus de 96.600 blessés, selon le ministère de la Santé du Hamas. Des chiffres jugés crédibles par l'ONU. Elle provoque aussi une grave crise sanitaire et humanitaire.
Le Liban est victime depuis une dizaine de jours de bombardements de l'armée israélienne contre le Hezbollah qui a fait plus d'un millier de morts.
"Les drapeaux qu'on doit porter dans des lieux publics, ce sont les drapeaux français. Le reste, c'est une propagande qui n'a pas sa place dans des lieux publics", a critiqué François Hollande ce lundi matin sur TF1.
L'ancien président de la République a cependant assuré que les drapeaux pouvaient "avoir leur place dans la rue pour exprimer un soutien à telle ou telle cause".
Même son de cloche pour Raphaël Glucksmann. À la veille de sa rentrée politique, le patron de Place Publique, contempteur régulier de La France insoumise, n'a pas hésité à prendre ses distances.
"On assiste à un phénomène de TikTokisation de la vie politique", a-t-il regretté samedi sur France 2.
"C’est la quête du buzz permanent, ce qui entraîne la brutalisation du débat public", a-t-il encore jugé, estimant que "le but des Insoumis depuis quelques jours, ce n'est pas qu'on parle de la situation en Palestine, c'est qu'on parle d'eux".
L'université, "un refuge dans la tempête"
L'initiative de Jean-Luc Mélenchon a fortement déplu au président d'Aix-Marseille Université, à la tête d'un des plus grands campus de France, qui a jugé l'appel à déployer des drapeaux palestiniens "dangereux", risquant "d'importer ce conflit" au sein des facultés.
"Bien sûr qu'on regrette ce qui se passe à Gaza et au Liban, mais les étudiants juifs sur nos campus n'ont rien à voir avec ce qui s'y passe et l'université doit rester un refuge dans cette tempête", a ajouté l'universitaire auprès de l'AFP.
La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a jugé dimanche sur BFMTV les propos de Jean-Luc Mélenchon "préoccupants".
Un bâtiment de l'université de Strasbourg a été bloqué ce lundi matin par des étudiants en soutien aux Palestiniens. "Un an de génocide, un an de résistance", a été tagué sur un mur tandis qu'un drapeau palestinien et une banderole proclamant "Coloniser est un crime, Résister est un droit" ont été disposés devant les portes.