Mégabassines : en soutien à neuf militants écologistes jugés, 2000 personnes ont manifesté
PROCÈS - Le droit de manifester est au cœur du procès de responsables syndicaux et militants écologistes jugés en correctionnelle, ce vendredi 8 septembre à Niort (Deux-Sèvres), pour avoir organisé des rassemblements contre les « bassines » à Sainte-Soline interdits par les autorités.
Cinq des neuf prévenus - Benoît Feuillu et Basile Dutertre, militants des Soulèvements de la Terre, Benoît Jaunet et Nicolas Girod, représentants de la Confédération paysanne, ainsi que Julien Le Guet, porte-parole du collectif « Bassines non merci » - sont poursuivis pour la manifestation du 25 mars qui avait donné lieu à de violents affrontements avec les forces de l’ordre.
Trois d’entre eux le sont aussi pour la manifestation précédente du 29 octobre, de même que deux syndicalistes de la CGT et de Solidaires, David Bodin et Hervé Auguin. Ils encourent six mois d’emprisonnement et 7500 euros d’amende.
2 000 personnes présentes en soutien
Deux autres prévenus comparaissent pour violences, vol et dégradations en lien avec les manifestations. La justice reproche enfin à certains d’avoir refusé un relevé d’empreintes génétiques.
Tous dénoncent un procès « politique » destiné, selon eux, à museler l’opposition aux « bassines », surnom donné à des réserves d’eau agricoles contestées dans les Deux-Sèvres. « Ça montre jusqu’où veut aller le gouvernement », a déclaré avant l’audience Hervé Auguin, délégué de l’union départementale Solidaires dans les Deux-Sèvres. « On est traité d’écoterroristes, c’est inadmissible. La décision du juge sera historique. On est neuf, la prochaine fois on sera des centaines », a-t-il ajouté
« Ces procès ne font que renforcer notre détermination », a renchéri devant la presse Basile Dutertre, sur une place de Niort où un important rassemblement de soutien est organisé. En fin de matinée, 2 000 personnes étaient présentes, selon la préfecture des Deux-Sèvres qui a interdit aux manifestants d’approcher du tribunal.
« Volonté d’intimider »
Sur la forme, les avocats des prévenus s’interrogent sur les raisons de poursuivre des personnes physiques plutôt que les organisations qu’elles représentent. Me Alice Becker, conseil de la CGT, y voit « une volonté d’intimider des individus et de faire peur ». Sur le fond, la défense dénonce une atteinte au droit de manifester visant à « décourager les mouvements sociaux », selon Me Pierre Huriet qui plaidera pour Solidaires.
Chirine Heydari-Malayeri, Inès Giacometti et Balthazar Lévy, avocats de la Confédération paysanne, déplorent « une criminalisation de l’action politique et syndicale » alors que cette organisation défend « un accès égalitaire » à l’eau, « bien commun essentiel ».
Seize « bassines » sont programmées, dont celle de Sainte-Soline, la plus grande. Les retenues creusées dans la terre visent à stocker de l’eau puisée dans les nappes en hiver, afin d’irriguer les cultures en été quand les précipitations se raréfient.
Leurs partisans en font une assurance-récolte indispensable à la survie des agriculteurs qui irriguent (minoritaires au sein de la profession) face aux sécheresses à répétition. Les opposants dénoncent un « accaparement » de l’eau par « l’agro-industrie » et réclament un moratoire.
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