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Mélenchon battu mais en position de force à gauche

par Marine Pennetier PARIS (Reuters) - Bien qu'éliminé dès le premier tour de la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon a confirmé dimanche la dynamique observée autour de sa candidature ces dernières semaines et s'impose désormais comme un acteur incontournable de la recomposition à gauche face à un Parti socialiste laminé. A 65 ans, le leader de La France insoumise, qui disputait sa deuxième présidentielle, avait espéré pouvoir créer la surprise à l'issue d'une campagne inédite, marquée par une série de rebondissements, notamment en matière d'affaires judiciaires, et d'un nombre d'électeurs indécis sans précédent. "Le résultat annoncé depuis le début de la soirée n’est pas celui que nous espérions", a déclaré l'eurodéputé à la presse, reconnaissant à demi-mot sa défaite tout en refusant de prendre acte des estimations avant l'officialisation des résultats. Pour autant "nous pouvons être fiers de ce que nous avons entrepris et réalisé", a-t-il poursuivi. "Nous sommes une force consciente et enthousiaste". "Je vous appelle à rester groupés, à rester en mouvement et à être un mouvement car les défis que nous avons nommés sans en cacher aucun ni aucune des difficultés qu'ils soulèvent pour les régler, ces défis restent à relever", a lancé Jean-Luc Mélenchon à ses sympathisants. "Vous êtes un matin tout neuf qui commence à percer". Crédité de 19% des suffrages, le co-fondateur du Parti de gauche réalise un score sans précédent dans l'histoire de l'extrême gauche depuis la percée du communiste Jacques Duclos en 1969, qui avec 21,3% de voix, avait largement devancé les candidats de la gauche Michel Rocard et Gaston Defferre. Jean-Luc Mélenchon, qui avait recueilli 11,1% des voix en 2012, a réalisé un "score et une percée spectaculaire" qui lui permet de "devenir incontournable", a estimé le secrétaire national du Parti communiste français (PCF), Pierre Laurent. "Il y a une gauche qui se réinvente dans cette élection et qui a un avenir important et sans laquelle rien de bon ne se fera", a-t-il dit sur France 2. LÉGISLATIVES A VALEUR DE TEST A deux semaines du second tour qui verra s'affronter Emmanuel Macron (En Marche!) et Marine Le Pen (Front national), Jean-Luc Mélenchon a indiqué qu'il ne donnerait aucune consigne de vote, soulignant n'avoir reçu aucun mandat pour s'exprimer à la place de ses électeurs. "Chacun, chacune d'entre vous sait en conscience quel est son devoir, dès lors je m'y range", a-t-il souligné. "Je n'ai reçu aucun mandat des 450.000 personnes qui ont décidé de présenter ma candidature, pour m'exprimer à leur place sur la suite, elles seront donc appelées à se prononcer sur la plateforme et le résultat de leur expression sera rendu public". Le PCF a lui, comme le 21 avril 2002, appelé à faire barrage au Front national tout en prévenant qu'un vote Macron ne vaudrait pas adhésion au programme de l'ancien ministre de l'Economie de François Hollande. Au QG de campagne de Mélenchon dimanche soir, où plusieurs dizaines de militants étaient réunis scandant "Le Pen, piège à merde, Macron piège à cons", la déception dominait. "J'ai le coeur déchiré", a dit à Reuters Sonia, une infirmière de 52 ans. "C'est la pire campagne que j'ai vécue, avec tout ce qui s'est passé, mais la campagne de Mélenchon était géniale. Il a réellement representé le peuple." Les élections législatives des 11 et 18 juin prochains auront valeur de test pour le mouvement de Jean-Luc Mélenchon mais également pour le Parti socialiste, qui ressort considérablement affaibli de l'élection présidentielle avec le score historiquement bas de Benoît Hamon. (avec Sarah White et Emile Picy, édité par Yves Clarisse)