Lutte contre Boko Haram : l’armée tchadienne a-t-elle commis une bavure au Nigeria ?
“Mercredi 30 octobre, l’armée tchadienne a lancé une attaque aérienne contre l’île de Tilma, dans le district de Kukawa [dans l’État de Borno], sur la rive nigériane du lac Tchad. Selon des locaux ainsi que des milices anti-djihadistes, cette frappe aurait blessé et tué plusieurs pêcheurs – ce que démentent les autorités tchadiennes”, résume le quotidien de Lagos Vanguard.
Dans un communiqué publié vendredi 1er novembre au soir par son porte-parole, le gouvernement tchadien a “fermement” démenti les informations faisant état de victimes civiles dans des opérations de l’armée contre Boko Haram dans la région du lac Tchad. Si des pêcheurs nigérians et des groupes anti-djihadistes locaux affirment que “des dizaines” de personnes ont été tuées par erreur après des frappes d’un avion de chasse tchadien, les autorités de N’Djamena soutiennent que seules des cibles djihadistes ont été touchées.
Quelques jours plus tôt, le Tchad avait lancé l’opération Haskanite, censée mettre la pression sur les groupes djihadistes qui sévissent dans cette zone. Une réponse notamment à l’attaque attribuée à Boko Haram contre la garnison de Barkaram qui avait conduit à la mort d’au moins 40 militaires.
Jeudi 31 octobre, la présidence de la République a mis en ligne une vidéo montrant le chef de l’État, Mahamat Idriss Déby, en habits militaires au côté des soldats déployés sur place. Elle présentait aussi des images des bombardements effectués à la frontière avec le Nigeria : on y voit des silhouettes à proximité de pirogues, juste avant le largage de bombes – la voix off décrivant des “frappes chirurgicales”.
Plusieurs journaux, comme le Daily Trust nigérian ou le site ActuNiger, décrivent un président supervisant lui-même les opérations, “en première ligne pour éradiquer Boko Haram”.
Le site TchadInfo note par ailleurs que la présidence a évoqué la possibilité d’un retrait de ses troupes de la Force multinationale mixte (FMM), dans un communiqué publié le 3 novembre. Depuis 2015, la FMM mène la lutte contre Boko Haram dans le cadre d’une coopération militaire entre le Niger, le Nigeria, le Cameroun, le Bénin et le Tchad. Dénonçant une “absence de mutualisation des efforts”, et une “force [qui] semble tomber dans la léthargie”.
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