L'Union européenne proclame un "socle commun des droits sociaux"

GOTEBORG, Suède (Reuters) - Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne, réunis vendredi à Göteborg, en Suède, ont proclamé un "socle européen des droits sociaux", dans l'espoir de réconcilier la construction européenne et les peuples alors que progressent les mouvements populistes et eurosceptiques à travers le continent.

La chancelière allemande Angela Merkel, retenue à Berlin par les discussions sur la formation d'une nouvelle coalition gouvernementale, n'était pas présente.

Le texte, qui n'est pas contraignant, énumère vingt sujets sur lesquels l'UE s'engage à agir pour établir un marché du travail le plus juste et le plus efficace possible.

Il couvre notamment l'égalité dans l'accès à l'emploi, les conditions de travail, les salaires, la protection sociale, l'assurance-chômage et la formation.

"Il est temps de mettre les gens au premier plan quand on parle de l'Europe sociale", a souligné le Premier ministre suédois Stefan Löfven, ajoutant que l'Europe ne pouvait se renforcer en tablant, au nom de la compétitivité, sur des salaires moindres et des conditions de travail dégradées.

"Les gens pensent qu'on a trop mis l'accent ces dernières années sur les questions économiques, sur les banques. Il est temps de relancer le moteur de l'Europe sociale, de faire progresser l'égalité, les droits des salariés, les droits des retraités", a déclaré le Premier ministre irlandais Leo Varadkar.

Stefan Löfven a précisé qu'il publierait, avec le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, un rapport sur ce sommet social afin de voir comment les principes posés pourront être appliqués.

Le "socle européen des droits sociaux" a été paraphé par Jean-Claude Juncker, par le président du Parlement européen Antonio Tajani et par le Premier ministre estonien Juri Ratas, dont le pays assure la présidence tournante de l'UE.

Le texte présente vingt principes et droits censés être respectés sur tout le continent européen, comme le droit à l'enseignement et à l'orientation professionnelle, l'égalité des chances et de traitement entre hommes et femmes.

"Notre Union a toujours été un projet social. C'est plus qu'un marché unique, plus que l'argent, plus que l'euro. Ce sont des valeurs, et la façon dont nous voulons vivre", a déclaré Jean-Claude Juncker.

"Aujourd'hui, nous affirmons nos valeurs communes et nous nous engageons à respecter vingt principes et droits. Du droit à un juste salaire à celui d'une protection sociale, à une formation tout au long de la vie, à l'égalité des sexes et à un revenu minimum", a-t-il ajouté.

(Jan Strupczewski et Elizabeth Piper; Guy Kerivel pour le service français, édité par Tangi Salaün)