Le budget de la force militaire du G5 Sahel quasiment bouclé

BRUXELLES (Reuters) - Le financement de la force militaire du G5 Sahel, dont le coût de fonctionnement pour la première année est estimé à 423 millions d'euros, a franchi le cap des 410 millions d'euros de promesses vendredi lors d'une conférence de donateurs internationaux à Bruxelles.

Cette nouvelle vague de contributions, qui va au-delà des attentes initiales, devrait permettre de donner un coup d'accélérateur à cette force régionale (Niger, Mali, Burkina Faso, Mauritanie, Tchad) dont la montée en puissance s'accompagne d'une recrudescence d'attaques djihadistes.

"Nous avons donné un message très clair, très fort, très puissant de soutien et de la priorité que la communauté internationale donne à la région du Sahel", a déclaré Federica Mogherini, la Haute représentante de l'Union européenne pour les Affaires étrangères, lors d'une conférence de presse.

Dans le détail, sur les 414 millions d'euros promis, l'Union européenne - qui a annoncé un doublement de son aide - contribuera à hauteur de 100 millions. Le Danemark, les Pays-Bas, l'Irlande et la Belgique ont également annoncé leur contribution, selon une source diplomatique française. En décembre, l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis avaient respectivement promis une aide de 100 et 30 millions d'euros.

Les Etats du G5 Sahel s'étaient eux engagés à verser 50 millions d'euros et la France huit millions, en grande partie sous forme de matériel. Cette aide est jugée essentielle pour la montée en puissance de la force appelée à monter à 5.000 hommes en mars et qui a vocation à appuyer - et à long terme à relayer - les quelque 4.000 soldats français de l'opération Barkhane.

"MATÉRIALISER LES PROMESSES"

Saluant les résultats "très encourageants" de la conférence, le président de la commission de l'Union africaine, Moussa Faki, a exhorté les pays donateurs à "matéraliser le plus rapidement possible" leurs promesses.

"L'objectif est d'avoir la force opérationnelle en mars, ça veut dire à partir de la semaine prochaine", a abondé Federica Mogherini. Tous les engagements pris à Bruxelles doivent donc "se traduisent en transfert effectif de soutien financier sur le terrain", a-t-elle ajouté, déplorant qu'à ce stade seuls 50 millions, ceux engagés par l'UE en juillet, aient été débloqués.

La question de la pérennité de la force a également été soulevée par le président en exercice du G5 Sahel, le président du Niger Mahamadou Issoufou, face à une lutte contre le terrorisme qui pourrait durer plusieurs années.

"Les besoins de la force conjointe sont de 423 millions d'euros pour la première année et il va falloir mobiliser 115 millions d'euros chaque année les années suivantes", a-t-il dit.

Le G5 Sahel a demandé depuis des mois en vain de placer la force sous chapitre VII de la charte des de l'Onu qui permettrait un financement plus durable.

"DÉTERMINATION"

En sept mois, la force a mené deux opérations dans la zone des trois frontières entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger où sévissent notamment le groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (RVIM) et l'organisation Etat islamique au Grand Sahara (EIGS). Cette dernière a revendiqué une série d'attaques contre des forces de la région et annoncé son intention de tout faire "pour que le G5 Sahel ne s'installe pas".

Signe de la précarité de la situation dans la région, deux soldats français ont été tués mercredi dans l'explosion d'un engin explosif au Mali, portant à 12 le nombre de militaires français tués depuis le début de Barkhane à l'été 2014.

"Ces deux morts français viennent après plusieurs opérations fortes que nous avons menées sur le sol malien, qui ont conduit à plus d’une trentaine de victimes du côté des terroristes", a souligné Emmanuel Macron, assurant que la France continuerait de "mener l’offensive au côté des forces du G5 Sahel pour éradiquer le terrorisme djihadiste dans toute la région".

Au-delà du volet sécuritaire, 500 projets de développement - chiffrés à six milliards d'euros sur la période 2018-2022 - ont été présentés à Bruxelles dans le cadre de l'Alliance pour le Sahel, une initiative portée par Paris.

La France a elle annoncé un premier projet de 10 millions d'euros axé sur l'éducation et l'insertion professionnelle dans la région de Mopti, dans le centre du Mali, et s'est engagée à augmenter de 40% ses versements à des projets de développement dans les cinq années qui viennent, soit 1,2 milliard d'euros.

(Marine Pennetier à Paris, Jean-Baptiste Vey et Robin Emmott à Bruxelles, édité par Yves Clarisse)