L'Unesco ne voit pas d'"urgence" à inscrire les noms de lieux bretons au patrimoine immatériel de l'humanité

L'Unesco a rejeté la requête d'une association bretonne visant à inscrire en "extrême urgence" la toponymie bretonne au patrimoine immatériel de l'humanité, a appris l'AFP ce dimanche 1er septembre.

Le bureau du comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l'Unesco a estimé que cette candidature ne constituait pas "un cas d'extrême urgence sur la base de l'article 17.3 de la Convention" pour la sauvegarde de ce patrimoine, selon une décision datée du 4 juin publiée sur le site de l'organisation internationale.

L'association dénonce "la débretonnisation de nos campagnes"

L'association Koun Breizh ("Mémoire de Bretagne"), à l'origine de la candidature, estimait que la loi 3DS (différenciation, décentralisation, déconcentration et simplification) menaçait la toponymie bretonne en obligeant les communes de moins de 2.000 habitants à attribuer un nom de rue et un numéro pour chaque usager.

Cette standardisation des noms de lieux "conduit de manière silencieuse et insidieuse à la débretonnisation de nos campagnes", avait déploré Yvon Ollivier, président de l'association Koun Breizh ("Mémoire de Bretagne") en mai auprès de l'AFP. Dans sa requête à l'Unesco, l'association citait des exemples de noms de hameaux en breton qui disparaissaient ou étaient francisés suite à ce nouvel adressage.

"Cette reconnaissance est déjà une victoire"

Dans sa décision, l'Unesco encourage "la France à continuer à travailler avec les communautés concernées pour assurer la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel" en Bretagne. L'organisation appelle aussi la France à "tenir compte" de "l'impact potentiel que sa législation nationale pourrait avoir sur le statut du patrimoine culturel immatériel sur son territoire".

L'association Koun Breizh y voit une reconnaissance de "notre toponymie en langue bretonne" et un appel aux "pouvoirs publics à se consacrer pleinement à sa protection", selon un communiqué. "Cette reconnaissance est déjà une victoire et devrait convaincre les Bretonnes et les Bretons du trésor que recèle notre toponymie, et plus largement notre langue bretonne", est-il ajouté.

Le but de cet "adressage" est de faciliter notamment les secours, la distribution de lettres et de colis, ou encore le déploiement de la fibre. Il a également fait débat dans d'autres régions françaises, qu'il s'agisse de l'Alsace ou de la Creuse.

Article original publié sur BFMTV.com