Pour l'un de ses anciens clients acquittés, Éric Dupond-Moretti ne pourra être "qu'un bon ministre"

Eric Dupond-Moretti au tribunal de Paris, le 13 mai 2019 - STRINGER © 2019 AFP
Eric Dupond-Moretti au tribunal de Paris, le 13 mai 2019 - STRINGER © 2019 AFP

La nomination du tonitruant Éric Dupond-Moretti au ministère de la Justice a sidéré de nombreux magistrats, mais a réjoui les avocats comme les anciens clients de ce ténor du barreau surnommé "acquittator". Jean-Louis Muller fait partie des quelque 145 accusés qui lui doivent une relaxe.

"Il ne pourra être qu’un bon ministre"

En 2013, Éric Dupond-Moretti a repris le dossier de cet homme condamné à deux reprises à 20 ans de prison pour le meurtre de son épouse. De ses échanges avec lui, il garde le souvenir d’un homme "tellement humain" et qui "connaît tellement bien les défauts de notre système judiciaire qu’il ne pourra être qu’un bon ministre".

Lors de sa première rencontre avec l’avocat, c’est son physique de "nounours" qui a d'abord frappé Jean-Louis Muller.

"Mais il est très professionnel. Il comprend très vite le fond du problème. Il prend du recul pour ne pas s’impliquer personnellement", témoigne-t-il au micro de BFMTV.

Le style et la méthode Dupond-Moretti ont été selon lui déterminants pour obtenir son acquittement.

"On s’est heurtés au refus obstiné des magistrats d’effectuer une reconstitution et il a eu l’intelligence de faire cette reconstitution en plein milieu de la salle d’audience. Elle a emporté, à n’en pas douter, la décision des jurés", se souvient-il, très favorable à sa récente désignation au poste de garde des Sceaux.

Devenir garde des Sceaux? "Une idée saugrenue"

Pourtant Éric Dupond-Moretti ne s’est pas toujours montré enthousiaste à cette idée. En 2018, sur LCI, il avait rejeté en bloc l’hypothèse d’entrer un jour au gouvernement, affirmant qu’il "n’accepterait jamais un truc pareil."

Et de poursuivre: "Ce n’est pas mon métier. Faut en avaler des couleuvres, pour faire de la politique. Non, c’est une discipline, c’est un exercice, je n’en ai pas les compétences. Non non, pas du tout, je n’aimerais pas faire ça (...) Personne n’aurait jamais l’idée sotte, totalement saugrenue, incongrue, invraisemblable de me proposer cela." Une ligne de conduite qu’il semble avoir réévaluée.

Article original publié sur BFMTV.com