L'Ukraine touchée par des attaques russes "massives", au moins huit morts en deux nuits
Après plus de deux ans et six mois de guerre, l'Ukraine subit des offensives massives de la part de l'armée russe depuis ce lundi 26 août. En deux jours, au moins huit personnes sont mortes.
Au lendemain de la plus grosse vague de frappes aériennes depuis des semaines, une seconde nuit consécutive d'importantes attaques a eu lieu ce mardi.
Selon l'armée de l'air ukrainienne, la Russie a tiré 91 "engins d'attaque", à savoir dix missiles de différents types et 81 drones Shahed de conception iranienne. Cinq missiles et 60 drones russes ont été abattus, selon la même source.
"Crimes contre l'humanité"
"Malheureusement, malgré le travail efficace de notre défense aérienne, quatre personnes ont été tuées et 16 blessées", a déploré le président ukrainien Volodymyr Zelensky sur X. "Les crimes contre l'humanité ne peuvent être commis en toute impunité", a-t-il ajouté, accusant Moscou d'avoir visé "les civils et les infrastructures".
Deux personnes ont été tuées, un homme et une femme, et quatre autres blessées par une frappe de drone Shahed dans la région de Zaporijia, au sud-est du pays. "L'ennemi a mené sept frappes sur des bâtiments résidentiels et des infrastructures civiles", a écrit le service d'urgence de l'État d'Ukraine sur Facebook en diffusant des images des pompiers fouillant les décombres à la recherche de victimes.
À Kryvyi Rig, dans le centre de l'Ukraine, c'est un hôtel qui a été en partie détruit par une frappe russe. "Vers minuit, un missile a touché un hôtel et partiellement détruit le bâtiment de quatre étages", a précisé le service d'urgence de l'État d'Ukraine. Deux personnes ont été tuées et cinq autres blessées.
Des frappes ont également touché le "secteur résidentiel du village de Kupiansk-Vuzlovy", à l'est de l'Ukraine, non loin de la frontière russe, sans faire de victimes. À Kiev, les attaques ont déclenché deux incendies qui ont brûlé 350m2 de forêt.
"Personne ne pensait que la Russie, qui était autrefois notre sœur, nous causerait tant de chagrin", explique Svetlana Kravtchenko, 51 ans, rencontrée dans une station du centre-ville de la capitale.
"Les opérations de secours sont en cours sur les sites des frappes et des chutes de débris dans les régions d'Ukraine qui ont été attaquées par la Russie la nuit dernière", a assuré Volodymyr Zelensky.
Des alertes aériennes sont encore en vigueur ce mardi matin, essentiellement dans le nord du pays.
127 missiles et 109 drones russes lancés la veille
L'Ukraine avait déjà été meurtrie la veille par l'une des attaques les plus "massives" depuis le début du conflit dans 15 de ses régions. Une attaque cette fois orientée vers les infrastructures énergétiques obligeant les autorités à imposer des coupures de courant. Le distributeur ukrainien d'énergie Ukrenergo a notamment procédé à des coupures d'électricité d'urgence pour stabiliser le réseau.
Quatre personnes ont alors été tuées par les plus de "127 missiles et 109 drones" lancés par la Russie. Selon le commandant des forces aériennes ukrainiennes, Mykola Olestchouk, 201 des 236 engins aériens lancés avaient été abattus.
"Depuis le premier hiver de guerre, (la Russie NDLR) mène des attaques quasi-systématiques contre les centrales électriques", assure le général Jérôme Pellistrandi, interrogé par La Dépêche du midi.
"L’objectif est double: pénaliser la production industrielle ukrainienne, donc l’économie, et miner le moral de la population, particulièrement à l’approche de l’hiver", ajoute-t-il.
Ces attaques massives ont aussi pour objectif selon le général de "saturer la défense antiaérienne ukrainienne".
"En tirant quelques missiles par jour, l’Ukraine peut intercepter une grande partie d’entre eux, mais en lançant 200 missiles ou drones en une seule nuit, la défense ukrainienne est submergée", explique Jérôme Pellistrandi, consultant défense pour BFMTV, assurant que l'"on peut donc s’attendre à ce que ces opérations se poursuivent dans les semaines à venir".
Moscou continue son incursion dans l'est ukrainien
Alors que Moscou continue en parallèle son avancée dans l'Est face à des troupes ukrainiennes moins nombreuses, Kiev poursuit son incursion, entamée le 6 août, dans la région russe de Koursk. L'Ukraine dit aujourd'hui contrôler plus de 1.250 de km2 et près de cent localités dans cette région frontalière. Plus de 130.000 personnes ont fui les combats et les bombardements, selon les autorités régionales.
Le gouverneur de la région russe de Belgorod, frontalière de l'Ukraine, a par ailleurs déclaré avoir reçu des informations faisant état d'une tentative d'incursion ukrainienne, plusieurs médias russes rapportant qu'une attaque terrestre était en cours.
"Des informations affirment que l'ennemi essaye de franchir la frontière de la région de Belgorod. Selon le ministère russe de la Défense, la situation à la frontière reste difficile, mais sous contrôle", a indiqué le gouverneur Viatcheslav Gladkov, sur son compte Telegram.
L'armée russe a quant elle assuré avoir conquis une autre localité près de Pokrovsk dans l'est ukrainien.
Face à la menace de catastrophe nucléaire agitée par le Kremlin, le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, est de son côté arrivé ce mardi à la centrale nucléaire russe de Koursk pour évaluer la situation. Le président russe Vladimir Poutine a assuré la semaine dernière que l'Ukraine avait tenté de frapper le site.