Publicité

L'UE veut rassurer Téhéran sur leurs relations commerciales

Le commissaire européen à l'Energie, Miguel Arias Canete (photo), va tenter samedi lors d'une visite à Téhéran de rassurer les principaux ministres iraniens sur la volonté de l'UE de maintenir les échanges commerciaux avec l'Iran. /Photo d'archives/REUTERS/Eric Vidal

TEHERAN (Reuters) - Le commissaire européen à l'Energie va tenter samedi lors d'une visite à Téhéran de rassurer les principaux ministres iraniens sur la volonté de l'Union européenne de maintenir les échanges commerciaux avec l'Iran, malgré le retrait des Etats-Unis de l'accord de 2015 sur le programme nucléaire iranien.

Miguel Arias Canete, qui va passer deux jours à Téhéran, rencontrera cinq ministres dont le chef du nucléaire de la République islamique, le ministre du Pétrole et celui des Affaires étrangères.

L'Union européenne se dit déterminée à sauver l'accord de 2015, qui encadre les activités nucléaires de l'Iran en échange d'une levée progressive des sanctions économiques frappant Téhéran, après l'annonce de Donald Trump le 8 mai dernier du retrait des Etats-Unis et de leur application du plus haut niveau de sanctions contre la République islamique.

Des mesures ont été proposées par la Commission européenne aux pays membres de l'UE afin d'échapper à des sanctions américaines, notamment en envisageant des transferts d'argent directs à la banque centrale iranienne.

La Commission a également activé la "loi de blocage", dispositif de protection des entreprises européennes contre les sanctions que les Etats-Unis s'apprêtent à réinstaurer contre l'Iran.

Cependant des représentants de l'UE ont admis que les possibilités pour parer aux sanctions étaient limitées, alors que de nombreuses entreprises européennes ont choisi de quitter Téhéran par crainte de la portée des sanctions américaines.

"Il n'y a pas de baguette magique, à part essayer de rassurer un peu l'Iran", a dit à Reuters un haut représentant de l'UE impliqué dans les discussions avec l'Iran.

La mission menée par Miguel Arias Canete a valeur de symbole pour inciter les dirigeants iraniens à respecter l'accord de 2015 et à affirmer leur soutien au président Hassan Rohani, favorable à une détente à l'égard de l'Occident, face aux extrémistes qui cherchent à restreindre cette ouverture, ont déclaré des représentants européens.

PEU D'EMPRISE

Cette mission "est très importante parce qu'elle nous montre la détermination de l'UE à respecter son engagement", a estimé un haut représentant iranien.

Le pacte conclu en juillet 2015 à Vienne par l'Iran, les membres permanents du Conseil de sécurité de l'Onu (Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie, Chine) et l'Allemagne, au terme de 12 ans d'âpres négociations, est vital pour la sécurité internationale, selon l'UE, et pour garantir que l'Iran ne devienne pas une puissance nucléaire.

Donald Trump, qui l'a qualifié de "pire accord" jamais négocié par les Etats-Unis, lui reproche notamment de ne couvrir ni le programme balistique de Téhéran ni son rôle dans les conflits au Moyen-Orient.

Avec le retour programmé des sanctions américaines, qui menacent les retombées économiques de l'accord pour Téhéran, les diplomates européens craignent de perdre le peu d'emprise dont l'UE dispose sur la République islamique.

Miguel Arias Canete va exposer à Téhéran les options envisagées par la Commission européenne pour contourner les sanctions financières américaines, en effectuant notamment des versements directs à l'Iran pour ses exportations de pétrole.

La Commission a aussi proposé d'autoriser la Banque européenne d'investissement (BEI) à faciliter les investissements des entreprises européennes en Iran.

Mais plusieurs entreprises de renom ont déjà fait part de leur volonté de s'éloigner de l'Iran. Ainsi le groupe Total a annoncé mercredi qu'il pourrait ne pas poursuivre son projet de développement du plus grand gisement de gaz naturel au monde, vu par Téhéran comme un symbole de réussite de l'accord de 2015.

Les sanctions réinstaurées vont de nouveau limiter les exportations de pétrole iraniennes. Elles avaient baissé de plus de moitié sous l'effet des sanctions internationales avant l'accord de 2015, à un million de barils par jour (bjp).

"Ce que feront les importateurs de pétrole et la manière dont le système énergétique pourra faire face seront des facteurs déterminants de la réaction des Iraniens", a dit un autre représentant de l'UE.

"Il sera difficile pour nous de fournir les bénéfices attendus par les Iraniens", a-t-il ajouté.

(Alissa de Carbonnel, Jean Terzian pour le service français)