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L'UE s'inquiète d'une réforme judiciaire en Roumanie

La Commission européenne a demandé jeudi des explications au gouvernement roumain sur le contenu de son projet de réforme de la justice, une initiative que les Européens pensent de nature à réduire l'efficacité de la lutte contre la corruption. /Photo d'archives/REUTERS/Thierry Roge

BUCAREST (Reuters) - La Commission européenne a demandé jeudi des explications au gouvernement roumain sur le contenu de son projet de réforme de la justice, une initiative que les Européens pensent de nature à réduire l'efficacité de la lutte contre la corruption. La Roumanie est considérée comme l'un des Etats de l'UE parmi les plus corrompus et les instances de Bruxelles observent avec une attention particulière le fonctionnement du système judiciaire roumain. Le ministre roumain de la Justice Tudorel Toader a présenté mercredi un projet de réforme lui conférant notamment la haute main sur l'unité d'enquête judiciaire qui dépend actuellement du Conseil supérieur de la magistrature. La réforme prévoit également un changement du mode de désignation des procureurs généraux, l'instauration d'une unité spéciale chargée d'enquêter sur les infractions commises par les magistrats et renforce les pouvoirs du ministre de tutelle. Le président roumain Klaus Iohannis a estimé que si cette réforme était adoptée elle constituerait un retour en arrière d'une décennie dans le processus d'amélioration du fonctionnement de la justice. Le projet a suscité une petite manifestation mercredi soir devant le siège du gouvernement ainsi que des critiques de la part des magistrats, de l'opposition et des observateurs. "Nous avons fait une demande aux autorités roumaines concernant le projet de loi pour avoir des explications supplémentaires", indique un communiqué de la Commission européenne. "Le caractère irréversible des progrès accomplis par la Roumanie dans la lutte contre la corruption au cours des dix dernières années est essentiel pour la Commission", ajoute le communiqué. Le chef de file du Parti social démocrate Liviu Dragnea a affirmé jeudi que les mesures annoncées n'étaient que des principes et qu'il était trop tôt pour en tirer des conclusions. Il y a un an et demi la coalition au pouvoir formée des sociaux démocrates et de l'Alde avait tenté d'adoucir les poursuites contre la corruption aux échelons supérieurs de l'Etat, provoquant les plus importantes manifestations dans le pays depuis des décennies. (Luiza Ilie et robert Jan Bartunek; Pierre Sérisier pour le service français)