L'UE pourrait imposer des sanctions à l'Italie, selon Moscovici et Dombrovskis

L'Union européenne pourrait imposer des sanctions à l'Italie à défaut d'accord entre les deux parties sur le budget 2019, a prévenu mardi le commissaire aux Affaires économiques et monétaires, Pierre Moscovici (photo). /Photo prise le 23 octobre 2018/REUTERS/Vincent Kessler

BRUXELLES (Reuters) - L'Union européenne pourrait imposer des sanctions à l'Italie à défaut d'accord entre les deux parties sur le budget 2019, a prévenu mardi le commissaire aux Affaires économiques et monétaires, Pierre Moscovici.

Le vice-président de la Commission européenne Valdis Dombrovskis est allé dans le même sens, avertissant que l'exécutif européen envisage des procédures de sanctions contre l'Italie si elle ne modifie pas son projet de budget d'ici le 13 novembre.

"C'est une chose que nous envisageons", a-t-il dit lors d'une conférence de presse, en précisant que la procédure concernerait la dette élevée de la Péninsule.

La Commission européenne reste ouverte au dialogue avec l'Italie mais les changements devront être sensibles, a-t-il souligné.

Le rendement de la dette italienne à 10 ans s'est tendu pour atteindre 3,418% et l'écart avec le taux du Bund allemand ("spread") s'est agrandi en réaction aux propos de Dombrovskis.

La Commission européenne a rejeté le mois dernier le projet de budget italien en lui reprochant de ne pas respecter les règles budgétaires de l'UE.

Le projet de loi de finances italien envisage une hausse de 0,8 point de pourcentage du PIB du déficit structurel l'année prochaine alors qu'une réduction de 0,6 point du PIB était requise par les règles de l'UE. Le déficit structurel est calculé en excluant l'impact du cycle économique.

Les ministres des Finances de la zone euro réunis lundi à Bruxelles ont demandé à Rome de revoir sa copie mais le ministre italien, Giovanni Tria, a campé sur ses positions.

"Je souhaite un dialogue mais des sanctions pourraient être finalement imposées si nous ne parvenons pas à un accord", a déclaré Pierre Moscovici en marge de la réunion des ministres des Finances de l'ensemble de l'Union.

Si le gouvernement formé par la Ligue (extrême droite) et le Mouvement 5 étoiles (autoproclamé "antisystème") n'amende pas son projet de budget, la Commission pourrait remettre un rapport critique sur la dette italienne (qui s'élève à 130% du PIB) lors de sa réunion du 21 novembre, premier pas vers une procédure disciplinaire contre l'Italie.

La Commission attend généralement les données définitives sur les finances publiques, publiées en avril, avant d'ouvrir formellement une procédure contre un Etat de la zone euro.

Mais dans le cas de l'Italie, disent des responsables européens, la Commission pourrait passer à l'action sur la base de ses propres prévisions économiques, attendues jeudi et qui devraient être moins optimistes que celles du gouvernement italien. Ce dernier table sur 1,5% de croissance en 2019.

(Francesco Guarascio; Tangi Salaün et Eric Faye pour le service français)