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Procédure d'infraction de l'UE contre Budapest, Orban réplique

BRUXELLES (Reuters) - La Commission européenne a ouvert mercredi une procédure d'infraction contre la Hongrie dont les autorités ont adopté une nouvelle loi sur l'enseignement supérieur qui pourrait conduire à la fermeture de l'Université d'Europe centrale (CEU) de Budapest financée par le milliardaire américain George Soros. Bruxelles estime que cette loi, adoptée le 4 avril, remet en cause le principe de la liberté académique et est incompatible avec les valeurs démocratiques de l'Union européenne. Le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, a répliqué peu après en rejetant l'idée que son gouvernement menace la CEU et en qualifiant Soros de "spéculateur financier". Lors d'un débat sur la Hongrie au parlement européen, Orban a eu un échange vif avec le vice-président de la Commission européenne Frans Timmermans, qui a dit que Bruxelles était aussi préoccupé par l'attitude de Budapest envers les migrants, par les attaques contre les droits des Roms et par un projet de loi visant les ONG. "Le plus grand miracle survenu de mon vivant est la chute du mur de Berlin(...)et le fait que la Hongrie soit devenue un pays démocratique", a dit Timmermans. "C'est ce que le peuple hongrois a accompli lui-même en luttant pour la liberté. Protéger sa liberté, cependant, est aujourd'hui la mission commune de l'Europe." Le texte sur l'enseignement supérieur a provoqué des vagues de manifestations en Hongrie mais Viktor Orban, dont les dérives autoritaires inquiètent les Européens, affirme qu'elle vise à empêcher les universités étrangères de délivrer des diplômes qu'il juge douteux. PEU DE CHANCES DE SANCTIONS La Commission européenne a adressé un courrier aux autorités hongroises pour les informer officiellement "de cette première étape dans le cadre d'une procédure d'infraction". "Les autorités hongroises ont maintenant un mois pour répondre aux inquiétudes légales", précise le texte. Au pouvoir depuis 2010, Viktor Orban se heurte régulièrement aux associations financées par George Soros qui tente défendre des positions libérales que le dirigeant hongrois réprouve. L'exécutif européen a également fait part de sa volonté de continuer à discuter avec la Hongrie de la position de ce pays sur l'application des règles régissant le droit d'asile ainsi que sur un projet de loi visant les ONG. Les chances de voir l'Union européenne infliger des sanctions à la Hongrie sont relativement faibles car cela exigerait une unanimité des 27 Etats membres. Viktor Orban peut notamment compter sur l'appui de ses alliés conservateurs polonais pour s'opposer à une telle procédure. "Je pense que le gouvernement hongrois va tenter de trouver un accord. Le ton des négociations ne devrait pas être très élégant mais il est probable que l'on parvienne finalement à une sorte de compromis", a déclaré un diplomate à Bruxelles. La CEU est considérée comme un creuset de la pensée libérale en Hongrie et plus largement en Europe de l'Est depuis son ouverture en 1991. Les adversaires d'Orban l'accusent de vouloir faire taire les voix de l'opposition en plaçant les institutions indépendantes sous le contrôle de son gouvernement. (Gabriela Baczynska et Jan Strupczewski; Pierre Sérisier et Eric Faye pour le service français, édité par Tangi Salaün)