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L'UE invitée à agir contre le dumping chinois sur l'acier

PARIS (Reuters) - Les ministres de sept pays européens, dont la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni, exhortent l'Union européenne à prendre des mesures destinées à protéger le secteur sidérurgique européen de la concurrence jugée déloyale de la Chine et de la Russie. Dans une lettre datée de vendredi que Reuters a pu consulter, les cosignataires, parmi lesquels le Français Emmanuel Macron, s'inquiètent de l'état de cette industrie en Europe. "(Elle) est confrontée à des pratiques commerciales déloyales récurrentes dans un contexte de forte concurrence internationale intensifiée par une situation de surcapacité internationale", peut-on lire dans ce courrier. "L'Union européenne ne peut rester passive lorsque l'augmentation des pertes d'emplois et des fermetures d'aciéries montre qu'il existe un risque important et imminent d'effondrement du secteur européen de l'acier", lit-on également. "Nous lançons conjointement un appel aux institutions européennes à utiliser tous les moyens disponibles et à agir fortement pour répondre à ce nouveau défi", écrivent encore les ministres. Cette lettre est adressée à Jyrki Katainen, vice-président de la Commission européenne, et aux commissaires Elzbieta Bienkowska et Cecilia Malmström, respectivement chargées de l'Industrie et du Commerce, ainsi qu'au ministre de l'Industrie des Pays-Bas, dont le pays assure la présidence tournante du Conseil de l'UE. Parmi les signataires figurent, outre les ministres français, allemand et britannique, des représentants polonais, italien, belges et luxembourgeois. "ANTIDUMPING" Emmanuel Macron est à l'origine de cette démarche, dit-on au ministère français de l'Economie. "Les ministres signataires ont voulu donner un signal de mobilisation à la Commission européenne et à leur collègue pour que les procédures européennes antidumping soient activées plus souvent et plus vite", précise-t-on à Bercy. "L'idée du ministre était d'agir vite et de lancer à la fois un signal un peu ferme de mobilisation, mais aussi de jouer le jeu européen", ajoute-t-on. La Commission européenne s'était déjà saisie de ce dossier, dans lequel la Chine et la Russie sont accusées de tirer les cours mondiaux vers le bas. Récemment, Cecilia Malmström a adressé une lettre au ministre chinois du Commerce pour appeler Pékin à réduire ses surcapacités tout en annonçant l'ouverture, dans le courant du mois de février, de trois nouvelles enquêtes sur les importations d'acier en provenance de Chine. La commissaire européenne a également exprimé son inquiétude face au bond d'environ 50% des exportations chinoises constaté en 2015 et à la chute des prix qui en a résulté, de moitié pour certains produits. Mais les signataires attendent une réaction plus ferme de l'UE. "En premier lieu, la Commission devrait recourir pleinement et de manière appropriée à la gamme complète des instruments de politique commerciale de l'UE pour lutter contre le commerce déloyal", lit-on dans la lettre du 5 février. "Cela comprend l'adoption de mesures rapides et appropriées dans les cas antidumping en cours, tels que l'enquête sur les produits plats en acier laminé à froid originaires de Russie et de Chine", poursuivent les ministres. Selon la Fédération européenne de l'acier (Eurofer), l'industrie sidérurgique a perdu 85.000 emplois depuis 2008. (Simon Carraud, avec Sybille de La Hamaide, édité par Danielle Rouquié)